Actrices confirmées, maîtres du septième art de renom, affiche glamour dédiée à Marylin Monroe, le 65e Festival de Cannes, cité de cinéma, déroule sa profonde inclination pour les films en compétition du 16 au 27 mai. Scène de «Elefante Blanco», de Pablo Trapero qui concourt dans la section «Un Certain Regard», avec «Les Chevaux de Dieu», de Nabil Ayouch. Il était une fois le Festival de Cannes, sa ruée vers la gloire, ses chouchous, Tarentino, Almodovar, accoutumés à arpenter l'événement, leurs films sous le soleil de la Côte d'Azur, son armada d'avocats débarqués de Paris, spécialisés dans les droits d'auteur, rompus à rédiger des contrats et à relire des lettres d'engagement et depuis hier soir, la cérémonie d'ouverture de sa 65e édition. Une nouvelle séquence se joue cette année, avec un président de jury de taille : le cinéaste italien engagé, Nanni Moretti. Entier, sans concessions, fidèle, à son franc-parler, le cinéaste, farouchement opposé à l'Italie de Berlusconi, obtient en 2001, la Palme d'Or, pour son poignant film, « la chambre du fils ». Déjà, en 1994, il est récompensé pour la première fois à Cannes pour « Journal intime », primé par le Prix de la mise en scène.Le cru 2012, des films qui concourent en compétition officielle, s'annonce particulièrement exceptionnel. Des Abbas Kiarostami, Jacques Audiard, Yousry Nasralalh, Léo Carax, Michael Haneke, David Cronenberg, présentent leurs nouveaux opus, parmi lesquels, la future orfèvrerie cinématographique, qui sera couronnée dans moins d'une dizaine de jours par la Palme d'or. Kiarostami, confirme une fois de plus, son goût pour l'ailleurs, puisque « Like Someone In Love », intitulé au départ « The End », a pris racine au Japon, après « Copie Conforme » (2010), tourné en Italie. Marin Karmitz, son producteur, précisait au sujet du choix du réalisateur iranien : « Cela fait plusieurs années qu'Abbas voulait faire un film au Japon, où il est très respecté ». C'est à Yokohama que le cinéaste a planté sa caméra et son histoire d'enjo kosai, une pratique japonaise qui voit de jeunes filles accompagner de vieux messieurs afin de financer leurs études. On pense notamment à « Slovenian Girl », autre film slovène, sur la prostitution estudiantine, de Damjan Kozole. Un fait d'actualité, qui ne serait pas uniquement l'apanage des capitales européennes. Kiarostami, le magnifique, continue de surprendre : seul à parler farsi à une équipe majoritairement, nippone, il renoue avec l'un de ses sujets de prédilection, le dialogue des générations. Autre temps fort de la section « Un Certain Regard », le retour du cinéaste argentin, Pablo Trapero, avec « Elefante Blanco », situé dans un bidonville de Buenos Aires, qui concourra aux côtés du film de Nabil Ayouch, « Les Chevaux de Dieu », sous les couleurs du Maroc. Tout un cinoche Trapero, qui met en scène, une fois de plus, l'un de ses comédiens fétiches, l'excellent Ricardo Darin, qui donnaient sa parfaite mesure à ses personnages dans « El secreto de sus ojos » de Campanella, et récemment, « El Chino » de Sebastian Borensztein, explosait de talent dans « Carancho », de Pablo Trapero, polar tendu, sorti sur les écrans l'an dernier. Ricardo Darin, y campait, Sosa, troublant quinquagénaire qui est un « carancho », un rapace. Autrement dit, un avocat spécialisé dans la défense des victimes d'accidents de la circulation, qui a trempé dans les magouilles peu claires des assurances, liant assureurs et avocats peu scrupuleux profitant de la misère humaine et orchestrant de faux accidents. Si les accidents de la route sont la première cause de mortalité en Argentine, filon exploité par des types de la trempe de Sosa, le réalisateur y voit une problématique universelle : « La corruption n'est pas le fait d'un gouvernement ou d'un pays en particulier, mais d'individus dans tous les pays. C'est ce qui explique la crise financière, les pays riches et pauvres, etc. C'est toujours plus facile de parler de la corruption dans les pays pauvres. La corruption paraît toujours abstraite, extérieure à soi et lointaine. Parfois, la frontière est mince entre la corruption et la première entorse à la légalité. C'est ce dont parle le film », soulignait Trapero. Quant à Nabil Ayouch, réalisateur marocain du film « Les Chevaux de Dieu », tourné dans le bidonville de Aïn Harrouda, et qui ravive l'histoire des kamikazes des attentats du 16 mai 2003, à Casablanca, il a confié au Soir échos, suite à la question, « avez-vous le trac ou hâte de vivre la montée des marches cannoises avec ce film ? » : « Je n'ai pas encore eu le temps d'avoir le trac, trop pris par les finitions du film. Ça va venir. Mais, je suis surtout heureux de cette sélection et je n'en attends que du bonheur ». Verdict de la compétition, le 27 mai prochain. * Tweet * * *