Le ministre de l'Equipement et des transports, Aziz Rabbah, et le directeur général de l'Office national des chemins de fer (ONCF), Mohamed Rabie Khlie, ont répondu, samedi, au collectif des associations « Stop TGV ». Pour Rabbah, «les critiques à l'encontre du projet de la ligne de train à grande vitesse (LGV) ne prennent pas en ligne de compte l'impact économique et l'apport en développement du projet ». « Nous refusons catégoriquement qu'un projet ou qu'un responsable se fasse insulter. Nous voulons un dialogue discipliné, respectueux de l'ensemble des parties ». Le ministre de l'Equipement et des transports, Aziz Rabbah, veut remettre les pendules à l'heure en expliquant directement à l'opinion publique sa décision de ne pas prendre part au débat convenu, jeudi dernier à Rabat, avec le collectif des associations « Stop TGV ». A l'origine de l'incident Ce qui devait être une première rencontre d'échange entre gouvernement, ONCF et société civile sur le TGV n'a finalement pas eu lieu. Alors que les responsables s'y préparaient, un article publié dans la rubrique blogs (solus) sur le journal électronique français « Mediapart.fr », a été distribué à l'assistance. L'auteur traduit, à sa manière, les initiales du TGV : « T comme Torpillage, G comme Gabegie, V comme vol ». Le contenu en entier assimile presque le projet à une forme d'escroquerie française où toutes les règles sont bafouées. L'auteur va même jusqu'à faire des pronostics de rentabilité : « Le TGV marocain sera une navette de luxe que les Marocains paieront à prix fort : la dette ferroviaire représentera 0,6% du PIB pendant 25 ans. À titre de comparaison, la part du PIB consacrée à la santé représente 1,7% du PIB. La grande vitesse était-elle une priorité au Maroc ? ». Grave atteinte, mots insultants, propos fallacieux, Aziz Rabbah accompagné du directeur général de l'ONCF, Mohamed Rabie Khlie, a préféré se retirer. C'est ainsi que les deux responsables ont exprimé leur colère et leur déception pour protester contre le non-respect des règles déontologiques du débat. Le collectif des ONG a, tout de même, tenu une conférence où il a exprimé sa surprise de l'incident. « Nous sommes désolés que le débat n'ait pas lieu. Nous n'avons jamais assimilé le TGV à un quelconque vol et cet article qui a circulé ne peut justifier le retrait des responsables. C'est un faux prétexte », lance l'un des militants les plus acharnés du collectif, Omar Balafrej. Réunissant Transparency Maroc, Attac, Capdema, FMAS, BDS, Azetta et Clarté Ambition Courage, le collectif a lancé une pétition contre le TGV. « Signez Stop TGV ! », appelle Omar Balafrej convaincu que ce projet représente un gros risque financier. « C'est dans l'intérêt du pays que nous sommes opposés à ce projet. Le Maroc n'aura plus de moyens à investir dans les politiques publiques », martèle Omar Balafrej soulignant que le budget du projet est l'équivalent de 6.000 hectares de zones industrielles, soit un potentiel de 36.000 unités industrielles. Réactions et arguments Afin que leur retrait ne soit pas mal interprété, comme il l'a déjà été sur un portail d'information ayant qualifié la décision du ministre et du directeur général de l'ONCF de « fugue », une sortie médiatique s'est imposée. « Je ne cesserai d'être sincère, si nous sommes ici c'est pour expliquer ce projet et non pour justifier quoi que ce soit », déclare le ministre au cours de la conférence qu'il a tenue, samedi à Rabat, avec Mohamed Rabie Khlie venu accompagné de son staff d'ingénieurs et experts chargés du projet. Les deux hommes ne veulent plus que de fausses informations soient véhiculées sur un projet qui les tient à cœur. Etudes, chiffres, rentabilité socio économique, ce sont des arguments scientifiques détaillés que les deux hommes ont partagés avec l'opinion publique soulignant leur volonté de multiplier les échanges en vue du maintien d'une communication suffisante autour de ce projet de la ligne de train à grande vitesse (LGV) Tanger-Casablanca. D'un coût de 20milliards de dirhams, soit 1,8 milliard d'euros, comprenant une ligne nouvelle Tanger-Kénitra de 200 km conçue pour une vitesse maximale de 350km/h et exploitée à une vitesse commerciale de 320km/h, les équipements ferroviaires, l'acquisition des rames à grande vitesse et la construction d'un atelier pour leur entretien à Tanger. Huit bailleurs de fonds participent au financement de ce projet pour lequel une équipe de 335 ingénieurs dont 206 marocains est mobilisée. La compétitivité a été, selon les deux responsables, la ligne de conduite de tout le projet à la fois structurant et stratégique. La LGV permettra une réduction importante du temps de parcours (1h20min entre Tanger et Rabat et 2h10min entre Tanger et Casablanca) et l'accroissement du nombre de passagers (sur cet itinéraire) à 6 millions à la mise en service prévue en 2015. La rentabilité économique atteindra 9% alors que 30 millions de journées d'emploi direct et indirect seront assurés tout au long de la réalisation de la LGV. Quant au tarif du billet, il devrait être à la portée de la majorité, comme le souhaitent les parrains du projet soulignant que « la tarification sera incitative et compétitive, obligatoirement en harmonie avec le pouvoir d'achat des usagers actuels des trains ».