Le redressement des cours de pétrole a été salvateur pour les comptes de Samir en 2009. Il est vrai que ce phénomène est le principal responsable de la chute du chiffre d'affaires (-35% à 27 milliards de DH), puisque la moyenne des cours est passée de 97 à 61 dollars le baril. A cet effet prix, s'ajoute un léger effet quantité puisque le volume des ventes a baissé de 3,3% à 6,5 millions de tonnes. De ce fait, la part de marché du raffineur passe de 79 à 77%. «Pour cette année, notre objectif est d'attendre 80% de part de marché», lance Jamal Ba-Amer directeur exécutif de Samir. Reste à savoir si cet objectif est réalisable compte tenu de l'orientation claire des distributeurs vers l'import des produits raffinés, encouragés par l'augmentation sensible des capacités de stockage. «L'importation des produits raffinés présente un risque important notamment au niveau des fluctuations des cours. Mais si des distributeurs veulent importer, nous ne retenons personne», lance-t-il. D'ailleurs, des distributeurs d'hydrocarbures ainsi que des sources internes au ministère de l'Energie et des mines ont clairement indiqué que si Samir veut préserver et développer ses positions sur le marché marocain, elle est tenue d'améliorer son offre commerciale. «Nous sommes en cours de négociations avec plusieurs distributeurs en vue de leur accorder des avantages commerciaux s'ils réalisent l'ensemble de leurs achats chez nous. Cela dit, nous ne sommes pas prêts à réduire nos marges plus que nous le pouvons ou d'aller en deçà de nos coûts de revient», tranche Ba-Amer. Samir a mandaté un cabinet conseil international pour lui conseiller des produits de couverture sur l'euro et le dollar. Elle compte également mettre en place une salle des marchés. Le principal apport du redressement du prix du baril est visible notamment au niveau des marges. En effet, le raffineur améliore sa marge sur les produits finis importés de 3,5 à 4,2%, ce qui lui permet de drainer un cumul de marge de 407 millions de DH, en hausse de 21,5%. Au niveau des produits raffinés, la marge passe de -1,3 à 9,4%. A cela s'ajoute une augmentation de la variation des stocks positive qui se chiffre à plus d'un milliard de DH. Ce qui donne lieu à une marge globale sur les produits raffinés de 2 milliards de DH. Des analystes estiment que cette performance est liée uniquement à la variation de stocks et non à une amélioration des performances industrielles. «La gestion des stocks rentre dans le cadre du mécanisme des comptes, elle peut être plus ou moins profitable pour nous», précise Ba-Amer qui indique au passage que les «marges de raffinage ne se sont pas améliorées». Globalement, la marge sur coûts variables économiques passe de -0,2% en 2008 à 7,6% au terme de l'année dernière. C'est ce qui a permis de redresser aussi bien le résultat d'exploitation que le résultat net. Au final, la capacité d'autofinancement de la société de raffinage se chiffre à fin 2009 à 1,8 milliard de DH. La grande annonce de la présentation officielle des résultats annuels mardi à Mohammedia était le mandat accordé à la Banque Centrale Populaire pour la restructuration des dettes de Samir. Le principal objectif consiste à faire basculer une partie des dettes à court terme vers le long terme. Actuellement, le passif circulant (à court terme) du groupe se chiffre à 9,4 milliards de DH, contre 5,4 milliards pour les dettes à long terme et 3,8 milliards de fonds propres. Dans le cadre de ce processus de restructuration, Ba-Amer n'exclut pas l'intervention de la société mère Corral Petrolium Holding. «Cela peut se faire, entre autres, par une augmentation de capital», précise le directeur exécutif de Samir. En plus de la restructuration des dettes, Samir a mandaté un cabinet conseil international pour lui conseiller des produits de couverture sur l'euro et le dollar. Elle compte également mettre en place une salle des marchés. Qu'en est-il de l'Upgrading Project ? Les nouvelles installations sont bouclées à 98% et la production de gasoil lancée depuis mars dernier, «avec plusieurs mois de retard indépendant de notre volonté», note Ba-Amer. Néanmoins, les nouvelles installations permettront, selon le management de Samir, d'utiliser à 100% la capacité de raffinage et d'adapter le mix produits à la demande du marché. Outre l'Upgrading Project, le raffineur est engagé sur trois grands chantiers d'investissement : Le topping 4 destiné à injecter une capacité additionnelle de 4 millions de tonnes/an, une unité d'augmentation de la capacité de production de bitume (280.000 tonnes) et un générateur de turbo à vapeur pour assurer l'indépendance énergétique. Cour des comptes Jamal Ba-Amer «surpris» Comme cela était prévu, le management de Samir a été interpellé sur les propos concernant le raffineur dans le rapport de la Cour des comptes de 2008. Le document met en avant, pour rappel, un montant de 3,5 milliards de DH que le raffineur et des pétroliers seraient tenus de restituer à l'Etat. Ba-Amer répond en indiquant qu'il a été surpris de voir de telles accusations dans la presse. «Nous étions tenus de réaliser un investissement dans le cadre de la privatisation, mais l'Upgrading Project représente trois à quatre fois ce qui a été prévu», note-t-il en niant catégoriquement être auditionné ou interpellé par les juges de la Cour des comptes. Par rapport à la nouvelle raffinerie prévue à Jorf Lasfar, Ba-Amer indique sans hésiter que «si les investisseurs veulent commencer le projet à partir de zéro, que Dieu leur vienne en aide». Pour lui, un tel projet nécessite entre 8 à 10 ans pour être complètement opérationnel. De plus, le modèle de l'importation de pétrole brut puis l'exportation sous forme de produit raffiné «n'est pas économiquement viable». «En important, nous offrons la marge du fret à l'acheteur. C'est pour cela que l'approvisionnement du marché local est notre priorité», précise-t-il