Ali Lotfi tient toujours les rênes de l'ODT (Organisation démocratique du travail). Il a été réélu dimanche dernier pour un deuxième mandat à la tête de cette jeune centrale syndicale, à l'occasion de son 1er congrès national qui s'est tenu du 30 mars au 1er avril à Bouznika sous le thème « Pour un mouvement syndical et social crédible et efficace ». Ce sera le dernier mandat pour ce syndicaliste puisque le statut de cette organisation syndicale prévoit au maximum deux mandats. Les congressistes ont également élu les 375 membres du Conseil national dont 30 % sont des femmes. Les jeunes ont eu droit à une meilleure représentativité au sein de cette instance dirigeante de l'ODT. « Les jeunes de moins de 35 ans représentent 47 % des membres du Conseil national », souligne, au Soir échos, Ali Lotfi, SG de l'ODT. L'objectif de la centrale est d'encourager les jeunes à s'impliquer dans la vie syndicale. En ce qui concerne le bureau exécutif de cette organisation, le Conseil national se réunira d'ici 15 jours pour élire ses membres. Malgré sa jeune existence, à peine cinq ans, l'ODT a réussi à se distinguer par sa mobilisation dans trois secteurs clés à savoir l'enseignement, la santé et l'équipement et le transport. L'organisation tente de se faire une place de choix dans l'échiquier syndical. Elle table sur les prochaines élections des délégués du personnel, qui se tiendront prochainement pour améliorer sa représentativité. Représentativité syndicale « Les cinq grandes centrales syndicales à savoir l'UMT, la CDT, la FDT, l'UGTM et l'UNTM ont des années d'existence. Nous sommes encore jeunes et placés en 6e position. Cependant, nous sommes très présents dans les entreprises semi-publiques et dans les entreprises privées comme les multinationales », se félicite le SG de l'ODT, qui soulève la question de la représentativité des syndicats au Maroc et la participation des syndicats au dialogue social. Pour rappel, le code du travail fixe le taux minimal de représentativité syndicale à 6 %. Dans son article 425, le code du travail stipule que l'organisation syndicale la plus représentative au niveau national doit avoir au moins 6 % du total du nombre des délégués des salariés élus dans les secteurs public et privé. Une condition sine qua non pour participer au dialogue social. « Or, seulement l'UMT et la CDT remplissent cette exigence. Une question s'impose alors sur les critères sur lesquelles le gouvernement se base pour permettre à des organisations syndicales comme la FDT, l'UGTM et l'UNTM de participer au dialogue social alors qu'elles ne répondent pas à cette obligation. Ces syndicats qui appartiennent respectivement à l'USFP, l'Istiqlal et le PJD sont convoqués au dialogue social pour des considérations politiques et non pour leur représentativité syndicale », s'indigne Ali Lotfi. A noter qu'une autre condition sine qua non est exigée par le code du travail pour mériter le titre de syndicat représentatif. Il s'agit de l'indépendance du syndicat. Ce dernier ne devrait appartenir à aucun parti politique. Seul l'UMT remplit cette exigence. Pour son prochain mandat, Ali Lotfi dit vouloir faire de la « stabilité de l'emploi » son cheval de bataille. L'emploi au coeur du débat Parallèlement au congrès national de l'ODT, des conférences ont été organisées pour débattre de sujets d'actualité comme le chômage et l'emploi. Les mouvements sociaux et syndicaux se sont invités aux discussions. Le débat a porté notamment sur le Printemps arabe et le mouvement syndical européen contre l'austérité. Des experts nationaux et internationaux de Tunisie, de France, d'Espagne, du Sénégal et des Etats-Unis, entre autres, ont pris part à cette conférence. L'objectif étant de partager leurs expériences et d'évaluer l'impact de ces mouvements sur les classes laborieuses et sur les larges couches sociales démunies et moyennes de la société. Les participants se sont également penchés sur « les politiques d'austérité » et « les inégalités et disparités sociales flagrantes » ainsi que « les suppressions massives d'emploi ».