Le suicide d'Amina Filali continue de susciter l'indignation des ONG. Human Rights Watch vient, à son tour, de publier un communiqué dans lequel elle dénonce « les failles des lois marocaines ». « L'article 475, aussi nocif soit-il, n'est que la partie visible de l'iceberg dans l'échec du Maroc à protéger les femmes et les jeunes filles de la violence….Non seulement l'article 475 reflète les mœurs, dans la société, qui portent atteinte aux femmes et aux jeunes filles, mais ce qui est pire, il les renforce, et c'est le système judiciaire qui préside à la répression», s'indigne Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de cette ONG de défense des droits humains. « Malgré les réformes du code de la famille marocain en 2004, les filles et les femmes sont loin d'être protégées par la loi quand elles sont victimes de violences », poursuit-elle. L'autre article incriminé Pour Human Rights Watch, l'abrogation de l'article 475 du code pénal demeure insuffisante. L'ONG exige « une série de réformes juridiques complémentaires qui lèvent les obstacles pour poursuivre les auteurs de viols et de violences conjugales, ainsi que des mesures garantissant que les victimes puissent accéder aux services dont elles ont besoin ».Un autre obstacle dans la lutte contre la violence conjugale est l'article 496 du code pénal, qui criminalise le refuge donné à une femme mariée qui quitte son mari. L'article stipule qu'est puni quiconque « sciemment, cache ou soustrait aux recherches une femme mariée qui se dérobe à l'autorité à laquelle elle est légalement soumise ». Les militantes féministes ont dénoncé cette disposition qui pourrait être utilisée contre les centres de refuge contre la violence conjugale que les associations féministes ont ouvert depuis des années pour assister femmes et filles battues. L'ONG revendique également l'abrogation de l'article 490 criminalisant les relations sexuelles consentantes entre personnes non mariées. Human Rights Watch ne manque pas de soulever le retard qu'accuse la promulgation d'une loi protégeant les femmes contre la violence. Un projet de loi a été annoncé par l'ancien gouvernement, toutefois, il tarde à voir le jour, déplore l'ONG.