Le Mouvement unicité et réforme (MUR), membre fondateur du Forum de l'islam modéré en Afrique de l'Ouest. Une entité qui a vu le jour samedi dernier dans la capitale mauritanienne. Le Forum des religieux modérés a pour principale mission de combattre l'idéologie radicale prônée par Al Qaïda au Maghreb (AQMI) dans la région. L'Algérie est représentée dans ce forum par Abderrahman Saîdi, le président d'une association religieuse. C'est un religieux mauritanien, Hassan Ould Dedaw, qui a été choisi pour assurer la présidence de ce Forum pour une année. Il s'avère que la matrice du PJD réussit, là où la diplomatie marocaine a échoué, à se faire accepter par l'Algérie en tant qu'acteur dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel. Les réunions d'Alger et Nouakchott ont en effet la même cible, à savoir le discours extrémiste de l'AQMI. La prochaine étape sur l'agenda des membres de ce Forum est l'organisation de rencontres, débats et échanges dans les pays de la région. Mohamed Hamdaoui, le président du MUR, déclare que «l'idée de lancer ce Forum est née il y a plus d'une année et demie. Au début, elle se voulait un cadre de concertation entre trois associations religieuses de Mauritanie, du Sénégal et du Maroc qui prônent un islam modéré. A l'époque, nous avons même pensé à l'appeler Axe Rabat-Nouacchott-Dakar». Notre interlocuteur assure : qu' «il n'y a pas eu de coordination avec le ministère des Affaires étrangères avant notre départ en Mauritanie. Ce qui est sûr c'est que nous n'avons vu aucun membre de l'Ambassade marocaine à Nouakchott. Et je ne sais pas s'ils étaient présents à cette réunion qui était placée d'ailleurs sous le patronage du président de la république». Les objectifs énoncés du forum rejoignent parfaitement ceux de l'Initiative de l'Atlantique sud qui regroupe des pays africains et européens. Le président du MUR rejette toute considération politique dans l'action de son mouvement. La concurrence que se livrent le Maroc et l'Algérie sur celui qui asseoit son influence religieuse dans la région de l'Afrique ne semble guère le concerner. «Notre action vise à redynamiser le rôle des acteurs religieux dans la région et nous ne sommes à la solde de personne». Le MUR de Mohamed Hamdaoui a proposé d'accueillir une conférence sur la femme et les conventions internationales. Cette entrée des religieux modérés sur la ligne de la lutte antiterroriste est tout sauf fortuite. Le dialogue avec les extrémistes, notamment les détenus dans les prisons de la région, est désormais une nécessité. La nomination de Ould Dedaw à la présidence de ce rassemblement des religieux modérés n'est pas fortuite non plus. En effet, le religieux mauritanien a conduit avec succès en 2007 des pourparlers entre représentants du gouvernement de Nouakchott et des salafistes en instance de jugement. Le MUR, via son quotidien Attajdid, appelle de ses voeux, à ce que les autorités prennent langue avec les salafistes détenus dans les prisons du royaume. Les objectifs énoncés du forum rejoignent parfaitement ceux de l'Initiative de l'Atlantique sud qui regroupe des pays africains et européens. Depuis août 2009, Rabat fait partie de cette entité. L'Algérie, non. Le royaume s'est même proposé d'accueillir le secrétariat permanent de cette initiative qui se veut un espace commun, une «zone de paix, de stabilité et de prospérité partagée», selon les termes de la Déclaration de Rabat sanctionnant les travaux de la réunion d'août dernier. Forum des religieux modérés : La presse algérienne évince le MUR Mohamed Hamdaoui, le président du Mouvement unicité et réforme, refuse de servir les objectifs d'un agenda politique, allusion à la concurrence que se livrent les religieux marocains et algériens en Afrique. Mais qu'en est-il chez l'autre partie ? La presse algérienne évoquant la naissance du Forum de l'islam modéré en Afrique de l'Ouest, samedi dernier dans la capitale mauritanienne, a complètement évincé le MUR en tant que membre fondateur de cette entité. Elle a évoqué la participation de représentants de Gambie, Sénégal, Mali mais point du MUR. Les raisons de cette omission ? Hamdaoui a esquivé la question. Depuis le deuxième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, Alger fort de la manne pétrolière entend asseoir son influence religieuse dans les pays africains. Le cas de la «paternité» de la Zaouïa Tijaniya est d'ailleurs éloquent. Le Moussem est célébré à Fès depuis belle lurette. L'Algérie organise également à El Arhouat, lieu de naissance du fondateur de cette confrérie religieuse, un Moussem dédié.