Abbas El Fassi, loin de se prononcer clairement contre les alliances, s'est contenté d'appeler au report de ce débat.
L'Istiqlal se révolte contre les alliances, entre partis, qui sont en train de changer la physionomie du champ politique. Il n'apprécie pas qu'un membre de sa majorité, le RNI en l'occurrence, noue une alliance avec une formation de l'opposition, l'UC. Il voit d'un tout aussi mauvais œil ce rapprochement, tacite pour le moment, entre l'USFP et le PAM. Il adopte la même réaction face à cette tentative de rapprochement conduite par certaines formations de la gauche. Abbas El Fassi a exprimé cette révolte dans un long discours prononcé devant les militants de son parti à Casablanca, le week-end dernier, le parti l'a confirmé, jeudi, dans l'éditorial de son organe de presse Al Alam. La parade est toute trouvée : point d'alliance avant 2012. Ou du moins si alliance il y a, que ce soit autour d'un cahier des charges: le programme gouvernemental en l'occurrence. Il est clair, explique le politologue Abdelali Hamieddine que «l'Istiqlal fait face à un malaise. Il est pris de court par cette tentative de restructuration forcée, décidée par le haut, du paysage politique marocain». Ce parti, «nationaliste certes, mais qui n'a jamais quitté le cercle du Makhzen», pour reprendre les termes du politologue, est en train de se chercher un rôle dans cette scène politique. «L'Istiqlal qui a toujours pris en compte, dans ses actions, la volonté du Makhzen se retrouve aujourd'hui presque indésirable. Mais il est conscient qu'il n'est pas facile de le rejeter. Il a accumulé assez d'expérience, notamment électorale, pour avoir encore un rôle à jouer», explique notre interlocuteur. Même lors de cette dernière sortie, le parti n'a pas osé aller jusqu'au bout. Il ne s'est pas clairement prononcé contre les alliances, «sans doute pour ne pas s'attirer les foudres du PAM», commente notre source. Il s'est juste contenté d'appeler à reporter ce débat à la fin de son mandat. Ce faisant, Abbas El Fassi et son parti espèrent mettre fin aux dissensions qui rongent la coalition gouvernementale. Ce qui est certain, affirme le politologue, c'est qu'aujourd'hui le PI est confus. «Il fait face aux problèmes que rencontrent tous les partis politiques qui ne sont pas maîtres de leurs propres décisions», commente notre source. Il lui reste une alternative : le rapprochement avec le PJD. «Pour le moment, aucune initiative officielle n'a été prise.», affirme A. Hamieddine. Cette option a toutefois un coût : l'isolement politique. L'Istiqlal est-il prêt à prendre ce risque ?