Après sa série La Maison de l'arbre qu'il a exposée à la galerie Shart, du 2 décembre à la mi-janvier 2011, à Photo Paris et à la Biennale de Bamako récemment, pour laquelle il a gagné le prix de la Francophonie, Khalil Nemmaoui expose des photographies traversées de poésie, minimales et éloquentes, en suspens entre le mélancolique et le surprenant. « Villes affranchies » sonde la beauté d'une ville libérée de ses habitants. « Quand la ville se libère de ses habitants et les renvoie chez eux, elle s'offre à nous et ceci est un luxe. Il y a des endroits qu'on ne voit pas en journée et qu'on peut contempler quand l'humain disparaît », explique l'artiste. Casablanca l'impénétrable s'ouvre comme une créature nocturne, et montre son charmant paradoxe, ou son absolue vérité. « L'idée est de montrer une ville qu'on ne voit plus, et que nous nous sommes limités à regarder dans sa globalité, dans son imaginaire d'art déco, jamais dans son détail et dans sa simplicité. Les clichés représentent le luxe et la peur à la fois, le luxe d'être seul dans une ville frénétique comme Casablanca, et la peur de voir cette paix se dissiper». Territoire et identité Photojournaliste et photographe auto-didacte, Khalil Nemmaoui est adepte du formel et du minimaliste visuel. Derrière la grande simplicité de son expression visuelle, se cache toujours un profond étonnement. Casablanca, la ville survoltée et constamment agitée, cette ville qui « développe un rapport amour-haine inévitable, qui manque de civisme, de verdure, d'ordre, de spiritualité et de paix, est montrée sous un prisme de dépouillement total, de dénuement salvateur et d'affranchissement total. La série réalisée pendant le dernier Ramadan, creuse le sillon du territoire et de l'identité, thèmes de prédilection de l'artiste. « Je repérais dans la journée les endroits à photographier, et je sortais juste avant le ftour, à l'heure où les lampadaires commencent à s'allumer et le soleil à se coucher, et où la transition de la lumière est adéquate », explique le photographe. La série regroupe, initialement, une cinquantaine de séries, condensée en 24 clichés. Déambulations ramadanesques En quête d'autres recoins et d'autres surprises, Khalil Nemmaoui compte poursuivre ses déambulations pendant le mois de ramadan prochain, toujours autour de la ville de Casablanca. Six photos de cette série avaient déjà été exposées à Marrakech Art Fair, dans le cadre de l'exposition de photographie « Images affranchies », qui avait eu lieu à Jamâa El Fna. Des pépites de cette série seront exposées en mai à la Biennale d'Amsterdam dans le cadre de l'exposition collective des 5 photographes marocains Leila Alaoui, Zineb Andres Arraki, Houda Kabbaj et Saâd A. Tazi. Evénement sur lequel Le Soir-Echos reviendra ultérieurement.