Maigre consolation pour José Bové. L'accord agricole a été adopté hier par le parlement européen. 369 voix se sont exprimées pour donner ainsi au Maroc une majorité confortable. 225 ont voté contre et 31 se sont abstenus. Par rapport à la résolution accompagnant l'accord, il y a 398 votes positifs, 175 négatifs et 50 abstentions. « Je me réjouis du vote positif du parlement européen en faveur de cet accord. Ce nouveau pas dans le renforcement de nos relations est d'une extrême importance, au moment où nous entamons une nouvelle ère de partenariat avec le Royaume dans le cadre du statut avancé », lance d'emblée Eneko Landaburu, ambassadeur de l'Union européenne au Maroc, à l'occasion de ce vote. Puis d'ajouter: « Je suis sûr que cette décision claire du Parlement européen permettra de donner une nouvelle dynamique à nos relations et que cette année verra la concrétisation de certaines avancées de notre partenariat, à savoir la finalisation du nouveau plan d'action et de la négociation sur les services, ainsi que l'aboutissement du partenariat pour la mobilité. L'Union européenne, premier bailleur de fonds au Maroc, est plus que jamais engagée pour lui porter son appui dans la mise en œuvre de son projet de modernisation de la société et de la consolidation d'un Etat de droit». Retardé par le traité de Lisbonne Même réaction auprès de Nicolas Verlet, ancien chef d'unité de la Direction générale Agriculture, qui s'occupait de la Politique de voisinage et des Accords de libre échange entre le Maroc et l'UE. « Je ne peux qu'exprimer ma grande satisfaction par rapport à ce vote favorable à l'élargissement de l'accord agricole. Les négociations ont été constructives des deux côtés, marocains et européens, et ce n'est que le traité de Lisbonne qui a retardé un peu cet accord », nous déclare Verlet, qui s'occupe depuis décembre 2011 des relations entre l'UE et l'OMC et qui est chargé de ce dossier depuis plusieurs années. En effet, selon Verlet, c'est le Traité de Lisbonne qui a retardé cet accord agricole Maroc-UE puisque sur ses nouvelles clauses, il devait être d'abord ratifié par le Parlement européen. Et c'est là où les choses ont commencé à se corser du côté marocain. Plusieurs associations et députés sont montés au front pour bloquer cet accord. Ils ont certes obtenu gain de cause lorsqu'il a été rejeté par la Commission de l'Agriculture du Parlement européen, le 12 Juillet 2011, mais il a été approuvé par la Commission du Commerce international du même Parlement européen, le 26 Janvier dernier. Et le verdict final est tombé, hier, favorable. Ce qui va changer Toutefois, que comporte cette nouvelle mouture ? A première vue, les mesures de libéralisation réciproques en matière de produits agricoles et de produits de la pêche ont été favorables pour les deux parties et il n'y a pas eu de concessions de la part des Marocains. Il y aura une augmentation des volumes des exportations marocaines de fruits et légumes sur le marché européen et une baisse des droits de douane appliqués à l'entrée de ces produits de part et d'autre. Ainsi, l'accord prévoit une libéralisation avec effet immédiat de 55% des droits de douane sur les produits agricoles et les produits de la pêche de l'Union européenne, alors qu'il s'agissait de 33 % actuellement et de 70 % des droits de douanes sur les produits agricoles et les produits de la pêche du Maroc sur une période de dix ans (contre 1% actuellement). Le plus grand gagnant dans cet accord est sans conteste la tomate marocaine, qui gagnera un volume de plus 50 000 tonnes. En effet, la tomate a vu son contingent passer, à l'horizon 2014, à 285 000 tonnes contre 233 000 actuellement. De plus, les exportations de la clémentine connaîtront une hausse conséquente de 130 000 à 175 000 tonnes, comme il a été révélé récemment sur nos colonnes. Cette augmentation bénéficiera également à la courgette. Son volume d'exportation subira une hausse importante, passant du simple au double, soit de 25 000 tonnes à 50 000 tonnes. Pour leur part, les concombres n'auront plus un contingent de 5 600 tonnes, mais de 15 000 tonnes. L'ail, quant à lui, connaîtra une hausse de 500 tonnes de ses exportations. Ceci sans oublier les fraises qui auront une part de 3 600 tonnes à partir d'avril.