Le Salon du livre de Casablanca est aussi le théâtre de sujets épineux. Celui des droits d'auteurs en fait partie. Pour discuter de cette question, une rencontre s'est déroulée le samedi 11 février sur le stand du Conseil national des droits de l'homme. A la surprise générale, le patron du Bureau marocain des droits d'auteurs a fait le déplacement. Les organisateurs craignaient en réalité un bis repetita de la première rencontre Haqqui Gheir Bel Fenn qui s'est déroulée en novembre dernier à la Fabrique culturelle des anciens abattoirs de Casablanca. C'est à partir de ce moment là que la question des droits d'auteurs et de ses dysfonctionnement a commencé à interpeller le monde artistique et associatif. S'en est suivi la lettre ouverte au directeur du BMDA, signé des mains du compositeur Mehdi Halib et quelques mois plus tard, le musicien Badr Belhachmi, ex-guitariste du groupe Darga, enverra quand à lui une lettre ouverte au ministre de la communication. Les évènements se sont succédé et aujourd'hui une pétition, signée par plus de 600 personnes dont la plupart appartiennent au monde de la musique, a été lancée sur internet. Cette pétition réclame un audit du Bureau marocain des droits d'auteurs. Un audit sur le financement mais aussi sur le mode de fonctionnement de ce bureau. «Nous voulons savoir comment ce bureau recueille ces droits et comment il les distribue et au cas où il les dispatche, qui en bénéficie ?» avait déclaré, on se rappelle Mehdi Halib dans sa lettre ouverte. 2 000 artistes inscrits Lors de la rencontre du 11 février, aucune allusion à cette pétition, mais la discussion a tourné autour des reproches que les musiciens font au Bureau marocain des droits d'auteurs. Les artistes disent ne pas percevoir leurs droits et le directeur du BMDA dément. « Nous avons 2 000 artistes au Maroc qui bénéficient de leurs droits d'auteurs », déclare Abdellah Ouedghiri. Très sûr de lui, le directeur du BMDA avait l'air de souligner que tout allait bien et qu'il n'y avait aucun problème. Pourtant, le malaise est installé depuis une dizaine d'année déjà et les artistes disent vouloir enfin vivre de leur art en percevant leur droits d'auteurs sur l'exploitation et la diffusion de leurs œuvres à la radio et à la télévision. Au lieu de répondre aux doléances et d'expliquer ce qui ne va pas, Abdellah Ouedghiri se lance dans un cours magistral. «Le BMDA est un organisme qui gère les droits d'auteurs de plusieurs disciplines: la musique, le théâtre et la littérature. Il est régi par la loi de 34.05 qui lui confie la protection de l'exploitation des droits d'auteurs et a le droit d'intenter des actons en justice», déclare le directeur du BMDA. Interrogé par Le Soir échos sur la demande d'audit à travers la pétition, Abdellah Ouedghiri déclare que le BMDA est en cours de restructuration. «Le chantier est en train d'être achevé et nous avons reçu un budget de 13 millions de dirhams pour la mise à niveau du BMDA». Abdallah Ouedghiri déclare aussi que les seuls diffuseurs qui versent les droits d'auteurs à l'institution qu'il dirige ne sont autres que la SNRT, 2M, Atlantic radio et Hit radio. Le montant des versements constitue, selon lui, un milliard deux cent mille dirhams et ce montant est réparti entre les auteurs inscrits au BMDA en quatre tranches. Si Abdellah Ouedghiri considère qu'il n'y a aucun dysfonctionnement au BMDA, les artistes présents à cette conférence n'ont pas été convaincus. Badr Belhachmi a invité Abdellah Ouedghiri ce jeudi 16 février pour répondre aux questions des artistes de la scène musicale alternative au Maroc, à la fabrique culturelle des anciens abattoirs de Casablanca.