Une mobilisation des artistes autour de la question des droits d'auteur aura lieu le 16 décembre à 18 h à la fabrique culturelle des anciens Abattoirs de Casablanca. Le musicien Badr Belhachmi a devancé cet événement en publiant une lettre ouverte au futur ministre de la Communication. La question des droits d'auteurs, est à nouveau à l'ordre du jour. Après la première lettre ouverte du compositeur Mehdi Halib adressée à Abdellah Ouedghiri, le directeur du bureau marocain des droits d'auteurs (BMDA), c'est au tour du musicien Badr Belhachmi, ex-membre du groupe Darga, de se lancer. En effet, dès le lendemain de la nomination du chef du gouvernement au Maroc, avant même la distribution des portefeuilles ministériels, Badr (alias Pedro), qui vit désormais au Canada, a choisi de s'exprimer en publiant une lettre ouverte à l'attention du futur ministre de la Communication. Ce document, qui circule sur Facebook depuis une semaine, a été diffusé auprès de nombreux artistes de la scène musicale marocaine. « Ce qui devrait être un droit et une protection pour l'artiste et ses créations, se révèle être un grand flou artistique, l'un des tabous de la vie culturelle au sein du plus beau pays du monde. Malgré tout, artistes, associations, entrepreneurs culturels, professionnels du monde de la musique, du cinéma, de l'édition.… se mobilisent et se battent depuis plusieurs années pour que, au moins, les lois soient appliquées et, au mieux, le système réformé », peut-on lire dans cette lettre. Badr Belhachmi regrette aussi que la simple procédure d'inscription au BMDA soit un parcours du combattant. « Monsieur le ministre, même le plus rudimentaire des droits, celui de l'adhésion à cet organisme, est bafoué. Je vous parle en connaissance de cause car j'ai vécu un calvaire administratif pendant trois mois pour m'y inscrire, sans que ma tentative ne puisse aboutir », rappelle Badr Belhachmi. « Ce qui devrait être un droit et une protection pour l'artiste et ses créations, se révèle être un grand flou, l'un des tabous de la vie culturelle. » Badr Belhachmi. Des procédures plus fluides L'artiste n'hésite pas à faire le parallèle avec son pays de résidence où les procédures sont plus fluides. « Ce qui a pris trois mois sans aucun résultat avec le BMDA n'a pris que deux semaines à la SOCAN (Société de gestion des droits au Canada) et ce via Internet sans avoir à me déplacer à leurs locaux. » Le futur ministre de la Communication a donc du pain sur la planche. Faire face à l'inaction du BMDA Depuis le 4 novembre dernier, la question des droits d'auteur au Maroc est sur toutes les langues. En effet, deux journées de sensibilisation avaient eu lieu les 4 et 5 novembre à la fabrique culturelle des anciens Abattoirs de Casablanca. Durant cet évènement, les artistes n'étaient pas venus en masse, alors qu'ils sont les premiers concernés. Ils ne sont pas les seuls à blâmer puisque Abdellah Ouedghiri, l'un des invités les plus attendus, était aux abonnés absent. Il avait pour mission d'expliquer le fonctionnement du bureau marocain des droits d'auteurs (BMDA). Les organisateurs de ces journées intitulées « Haqqi gheir Bel Fenn » ont considéré cet acte comme étant un mépris à l'égard des artistes. « M. Ouedghiri, directeur du Bureau marocain des droits d'auteur, qui avait pourtant confirmé sa présence le 4 novembre à la table ronde sur ‘‘Le BMDA : missions, objectifs et chantiers'', pour expliquer l'action de cette structure, n'a pas honoré cet engagement. Il n'a pas jugé nécessaire de s'excuser ni de déléguer quelqu'un du BMDA pour le représenter », regrette une source auprès de l'association Racines, organisatrice de l'événement. Avant d'ajouter :« Face à ce mépris, à l'inaction et à l'absence de transparence du BMDA, unanimement constatés, il nous est apparu urgent de mobiliser les artistes pour la défense de leurs droits. » Un appel à mobilisation est donc proposé à tous les artistes ce vendredi 16 décembre à 18 heures à la fabrique culturelle des Abattoirs. « L'association organise cette rencontre pour déterminer les axes de l'action à entreprendre ensemble auprès du BMDA et des ministères de la Communication et de la Culture, afin que les artistes puissent obtenir la juste rétribution de leur travail et que le BMDA s'acquitte enfin de sa mission en toute équité et transparence », précisent les organisateurs. Cette rencontre concerne les auteurs, quel que soit leur domaine d'expression. Les organisateurs demandent néanmoins aux artistes qui ne pourront pas faire le déplacement d'adresser leurs propositions par email afin qu'elles soient relayées lors de cette rencontre.