La cinémathèque de Tanger ne s'intéresse pas uniquement au 7e art. L'art contemporain fait aussi partie de ses préoccupations. Depuis son lancement, cette institution essaie de diversifier ses activités et ne se focalise pas uniquement sur le cinéma. A partir de février et plus précisément à partir de ce samedi 4 à 18 heures, la cinémathèque lance un séminaire sur l'art contemporain. La critique d'art française Marie Muraciole s'est inspirée du Manifeste des voleurs de William Burroughs et Brian Gysin et s'est proposée commissaire artistique de cet événement autour du vol dans l'art. « William Burroughs avait était en faveur d'un plagiat libre et réfléchi. Tous les artistes doivent s'inspirer de ce qui a déja été fait », déclare Yto Barrada la directrice de la cinémathèque dans des propos au Soir échos. Ce séminaire sera programmé tout au long de l'année. Douze artistes internationaux — des plasticiens, des chorégraphes, des écrivains et des vidéastes — viendront échanger avec le public leur expérience et parleront de leurs pratiques artistiques d'aujourd'hui et de leur rapport par rapport au passé et à la transmission. « Pour l'instant la périodicité n'a pas encore été déterminée. Ce qui est sûr, c'est que c'est un rendez vous irrégulier » précise Yto Barrada. Première session, le samedi 4 février avec le chorégraphe Jerôme Bel. Cet artiste français a étudié au centre national de chorégraphie de 1984 à 1985. Il a dansé pour plusieurs chorégraphes en France et en Italie. En 1992, il a été assistant de Philippe Decouflé pour les cérémonies des XVIe Jeux olympiques d'hiver d'Albertville1. Provocateur et ludique Jérôme Bel travaille ensuite avec Frédéric Seguette durant une dizaine d'années. Il propose alors des chorégraphies, apparentées au mouvement de la non-danse dont il devient l'un des chefs de file, jouant sur la carte d'un minimalisme assumé, provocateur et ludique, et remettant en cause certains acquis du spectacle« 1». En 2010, il collabore avec Anne Teresa De Keersmaeker à la création de 3Abschied. La comissaire de l'exposition a conçu une série de questions qu'elle va poser à ses invités. « Qu'avez-vous volé à un autre artiste et qui a déterminé votre pratique, voilà la question que je pose à différents artistes, venus de différents pays À partir de cette question et de ce que les invités apporteront avec eux, nous parlerons de la liberté que savent prendre les artistes, et des constructions de la transmission : les voleurs sont attentifs à transformer leur butin, ils volent et ne se content pas de reproduire le geste qui nourrit leur démarche », explique Marie Muracciole dans son texte de présentation. Ce séminaire abordera donc, selon la critique d'art, la question des effets que produisent les œuvres, de l'importance des relectures qui s'en opèrent, et d'une forme de « fabrique de l'art » qui transgresse les médiums, les domaines, et les auteurs. Extrait du Manifeste des voleurs de William Burroughs et Brian Gysin « Mais le Voleur n'est pas pressé. Il doit s'assurer d'abord que la marchandise est de qualité et qu'elle se prête à son dessein avant de lui accorder la bénédiction et l'honneur suprême de son vol. (…) Les mots, les couleurs, la lumière, les sons, la pierre, le bois, le bronze appartiennent à l'artiste vivant. Ils appartiennent à qui veut les utiliser. Pillez le Louvre ! A bas l'originalité, le moi servile et stérile qui emprisonne autant qu'il crée. Vive le vol pur, éhonté, total. Nous ne sommes pas coupables. Volez tout ce qui se présente. »