La recrudescence de la violence ces derniers jours en Syrie devient inquiétante. Dimanche, au moins 66 personnes ont été tuées selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. «Vingt-six civils ont été tués par balles lors d'affrontements dans les province d'Idleb (nord-ouest), de Deraa (sud), de Homs (centre) et Hama plus au sud, ainsi que dans la région de Damas et la capitale. En outre, neuf déserteurs, vingt-six soldats et cinq membres des forces de sécurité ont également été tués », a indiqué cette source. L'armée syrienne aurait de son côté repris, dimanche, le contrôle des banlieues et de la capitale. La crise qui dure depuis plus de dix mois s'est progressivement transformée en affrontements armés entre les éléments de l'armée syrienne libre, qui a rallié la contestation et les forces de sécurité, fidèles au chef de l'Etat. Le pays sombre peu à peu dans le chaos et la Ligue arabe a décidé, vendredi, de retirer ses observateurs. L'organisation panarabe est déçue de l'attitude de Damas, qui s'est entêté à poursuivre la répression malgré la présence sur son territoire des observateurs. Le niet de la Russie Les partis d'opposition regroupés au sein Conseil National Syrien (CNS) s'en remettent désormais à la communauté internationale. Ils comptent notamment faire pression sur le Conseil de sécurité de l'ONU en vue de l'amener à intervenir pour stopper les tueries du régime. Face à la paralysie du Conseil de sécurité, bloqué par le véto russe, une délégation du CNS, dirigée par Bourhan Ghalioun, s'est rendue, dimanche à New York. L'opposition syrienne a également appelé à des manifestations devant les ambassades de la Russie à travers le monde. Moscou, allié du régime de Bachar el-Assad, a d'ailleurs fustigé le retrait des observateurs décidé par la Ligue arabe. «Nous aimerions savoir pourquoi ils se conduisent ainsi envers un instrument aussi utile. La Russie est favorable à une augmentation du nombre d'observateurs. Cette décision est irresponsable et impardonnable», a déclaré Serguei Lavrov, chef de la diplomatie russe. Transition démocratique La Chine qui soutient la position russe, n'envisage pas non plus un assouplissement, ne serait-ce que pour permettre au moins une simple condamnation de la répression par les Nations Unies. Son secrétaire général, Ban Ki-moon, a de nouveau appelé, dimanche, le régime syrien à arrêter le «bain de sang ». «J'appelle le président Bachar el-Assad à résoudre la crise, à engager un dialogue politique et avant toute chose à stopper immédiatement le bain de sang », a-t-il déclaré depuis Addis Abeba, la capitale éthiopienne où il a pris part au 18e sommet de l'Union africaine. Mais le régime syrien ne semble vraisemblablement pas concerné par tous ces appels de la communauté internationale. «Les forces de sécurité sont déterminées à aller de l'avant pour rétablir l'ordre et la sécurité, et nettoyer le territoire des hors-la-loi qui tuent des citoyens innocents», a déclaré le ministre syrien de l'Intérieur, Mohammad Ibrahim al-Chaar, après le retrait des observateurs arabes. La France et l'Allemagne ont également appelé, samedi, à une adoption rapide d'une résolution par l'ONU. Les responsables occidentaux travaillent activement avec les pays arabes sur un texte qui prévoit une intervention internationale et un transfert de pouvoir au vice-président syrien en vue d'une transition démocratique. Des sources concordantes ont indiqué que les détails de ce plan seront rendus publics ce mardi. La Turquie, un peu discrète depuis peu de temps sur la Syrie, s'est jointe aux efforts de la communauté internationale. Samedi, Ankara a accueilli une réunion du Conseil de Coopération du Golfe (CCG). «La communauté internationale doit unir ses efforts pour faire cesser le bain de sang en Syrie et ouvrir la voie à une transition politique en accord avec les aspirations du peuple», a indiqué un communiqué d'Ankara à l'issue de cette réunion.