Le déplacement de Saâd-Eddine El Othmani à Alger s'est résumé en une série d'annonces et de déclarations de bonnes intentions…Sans rien de concret sur la réouverture des frontières terrestres et sur la question du Sahara. Saâd-Eddine El Othmani a clos, hier, sa visite de deux jours à Alger. Celle-ci a été couronnée, mardi, par des entretiens avec le président Abdelaziz Bouteflika. De ce déplacement du chef de la diplomatie marocaine, on retiendra les nombreuses annonces qui ont été faites. Toutes vont dans le sens d'un dégel des relations entre les deux pays. Mais qu'en est-il de leur réalisation sur le terrain? Là, c'est une autre paire de manche. On se contentera pour l'instant de la réunion, prévue le 17 février à Rabat, entre les ministres des Affaires étrangères des cinq pays de l'Union du grand Maghreb. Le choix de la date est hautement symbolique. Il coïncide justement avec la commémoration du 23e anniversaire de la création, à Marrakech, de l'UMA. Une initiative, de plus, pour une relance de ce groupement boîteux, voire inexistant dans les faits. La concrétisation des autres annonces est, elle, suspendue au bon vouloir des autorités algériennes, à commencer par la réunion de la commission mixte. Dans des déclarations à Alger, Saâd-Eddine El Othmani a assuré que « les deux parties vont examiner les conditions » de la tenue de ladite commission dont la dernière session remonte à 1994. Le PJDiste, sourire aux lèvres, a confié qu'il a proposé à son homologue algérien « une réunion tous les six mois au niveau des ministres des Affaires étrangères pour évaluer les relations tant sur le plan bilatéral que maghrébin. Nous considérons que le dépassement des obstacles du développement des relations politiques et économiques à tous les niveaux constitue la priorité des priorités ». Sahara et frontières, les grands oubliés Sur le front de la réouverture terrestres, condition sina qua non, pour une normalisation des relations entre les deux pays, rien à signaler. Mourad Medelci estime, sur un ton très diplomatique, que « l'Algérie préfère inscrire le dossier de la réouverture de la frontière dans un cadre global ». Une manoeuvre de diversion, encore une de plus, pour que le statut quo, en vigueur depuis 1994, perdure. Parfaitement en phase avec ces propos, Saâd-Eddine El Othmani a répliqué par un «Nous allons ouvrir un dialogue permanent. Le temps nous permettra de trouver des solutions». Il s'avère que les deux ministres ont convenu d'éviter, savamment, d'aborder les sujets objets de tensions entre Rabat et Alger et tenter de se projeter dans l'avenir, armés seulement de belles paroles et de déclarations de bonne intention. Et rien de plus. « Notre stratégie est basée sur les questions qui font l'objet de consensus entre les deux pays. Quant à celles à l'origine de divergences, nous allons les poser en toute transparence », a lancé El Othmani. Un cadeau, sachant que sans la résolution de ces dossiers dits de « divergences », il n'y aura point de normalisation des relations entre les deux pays. En plus de la réouverture des frontières, rien à signaler également sur la question du Sahara. Plus explicite, Mourad Medelci a confié aux journalistes : «Nous n'avons pas évoqué le problème du Sahara», tout en souhaitant de « trouver une solution à l'avenir. Ce que je peux vous dire, c'est qu'il existe une volonté politique, de part et d'autre, pour agir » Frontières terrestres :pas de réouverture Deux jours avant l'arrivée du PJDiste à Alger, Ahmed Ouyahya, le premier ministre, a interdit le passage du tour du Maroc sur le territoire algérien. Il y a une semaine, la fédération marocaine de cyclisme a adressé une correspondance, à son pendant en Algérie, demandant la réouverture des frontières terrestres le temps d'une étape du Tour du Maroc, prévue le 23 mars et devant relier Guércif à Maghnia. La nouvelle a fait le tour des médias marocains. La diplomatie de la pédale n'a pas marché.