Dans sa dernière lettre mensuelle,le Cercle euro-méditerranéen des dirigeants du textile et de l'habillement (Cedith) prévoit une année 2012 « très difficile », marquant une détérioration, aussi bien des exportations que des marges bénéficiaires. L'année 2012 risque d'être celle des incertitudes économiques pour le secteur textile. « Les économies des pays du Maghreb, du moins celles de la Tunisie et du Maroc (…) sont donc négativement influencées par la crise européenne et seront sans aucun doute durement affectées en 2012 », pronostique le Cercle euro-méditerranéen des dirigeants du textile et de l'habillement (Cedith), dans sa dernière lettre mensuelle. Il en ressort que l'année qui vient à peine de débuter s'annonce d'ores et déjà très difficile pour les textiliens nationaux. D'autant plus qu'en matière de consommation vestimentaire, le marché européen, qui reste le principal débouché de nos exportations, devrait accuser une perte sèche de 2,3% en moyenne, durant l'année en cours. Erosion des marges Et puisqu'un malheur ne vient jamais seul, les marges bénéficiaires des entreprises marocaines seront-elles aussi exposées à « une dangereuse érosion ». Et pour cause, les intrants et le transport ont vu leurs frais s'accroître. Aussi, pour éviter de fermer boutique, la plupart des producteurs se voient contraints de « préserver leur compétitivité », en révisant à la baisse les prix facturés à leurs donneurs d'ordres. Une question de survie dans un « climat anxiogène ». Aussi, et malgré les efforts consentis par les textiliens, les consommateurs européens, « le moral dans les chaussettes » en ces temps de crise, revoient à la baisse le budget dédié à leurs dépenses vestimentaires. Même si la saison des soldes, ayant déjà commencé, propose des offres alléchantes, voire irrésistibles. Dans la foulée de ce contexte, dont la majorité des indicateurs économiques et sociaux vire au rouge, les estimations du Cedith sont alarmantes. « Les entreprises marocaines disent manquer de visibilité et la plupart d'entre elles travaillent à perte », note-t-on. Les derniers chiffres rapportés et concernant les deux derniers mois laissent dégager une « nette détérioration, relativement inquiétante » des exportations du secteur textile-habillement. Perspectives en berne Les ventes à l'étranger de vêtements marocains ont en effet marqué un reflux annuel de 5,1% au cours du mois de novembre, contre un net repli de 11,1% en octobre, en comparaison annuelle. Ces perspectives sombres renseignent déjà sur les prévisions de croissance dans la zone euro où les probabilités de replonger dans une récession plus grave cette fois-ci sont fort plausibles, si l'on en croit les prédictions du Centre marocain de conjoncture (CMC) qui a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour 2012 (voir encadré). En atteste la récente dégradation de la note de huit pays européens, y compris la France et l'Espagne, par l'agence de notation Stand art and Poor's. « Jamais, depuis longtemps, l'avenir n'a semblé aussi incertain (…) Tout ceci va affecter en 2012 la coopération et les échanges euro-méditerranéens, avec de douloureuses conséquences politiques et sociales, entre autres, dans le secteur textile-habillement », nous prévient-on. Loin de jouer les prophètes du malheur, et bien que ledit document dessine un avenir incertain, la profession se veut rassurante, surfant ainsi sur une vague d'optimisme. Comme l'a affiché Mohamed Tazi, directeur de l'Association marocaine des industries du textile et de l'habillement (AMITH), armé de l'intime conviction de traverser cette zone de turbulences et d'en sortir sain et sauf. Quoique le mot d'ordre actuel soit plutôt sauve qui peut.