Perte de vitesse pour les exportations textile habillement du Maroc vers l'Union Européenne en 2009. Bien que le constat ne soit pas nouveau, mais c'est l'analyse comparative avec les trois autres principaux fournisseurs méditerranéens de l'Union Européenne (Turquie, Tunisie et Egypte) qui attire l'attention et donne une idée claire sur notre compétitivité. «Le Maroc est le plus sévèrement touché parmi les quatre pays fournisseurs avec une baisse de 16,4% et glisse de la 6e place en 2008 à la 7e place en 2009», rapporte la dernière lettre mensuelle du Cercle euro-méditerranéen des dirigeants textile habillement (CEDITH) dédiée à la Méditerranée et à l'Océan indien. Au moment où les expéditions de la Turquie, de la Tunisie et de l'Egypte ont reculé respectivement de 12,6, 12,2 et 11,9% pour la même période de référence. Quelle explication donne-t-on à la contreperformance de ces quatre pays à l'exportation en 2009 ? Nul ne peut bien sûr écarter l'effet crise. Toutefois, «on assiste depuis quelques années à un transfert de sourcing européen au profit de l'Asie et au détriment de la Méditerranée», note-t-on. Et pour preuve, les mastodontes de l'industrie textile asiatique à savoir la Chine, l'Inde et le Bangladesh ont vu leur part de marché en Europe bondir de 44,5 à 56,4% entre 2005 et 2009. En détail, la part de la contrée de Mao a grimpé de 31,2 à 41,2% sur quatre ans. Pour la seule filière de l'habillement, la Chine s'accapare à elle seule aujourd'hui 44,7% des importations européennes. Quant au sous-continent indien et le Bangladesh, leurs parts respectives sont passées de 7,6 à 8% et de 5,3 à 7,2% entre 2005 et 2009. Un sacré coup pour l'offre exportable des trois pays (Maroc, Tunisie, Turquie) ! Celle-ci a en effet perdu 5 points en chutant de 24,5% en 2005 à 19,5% en 2009. Ainsi, la part relative à notre pays s'est rétractée de 3,5 à 2,8% ; celle du pays de Ben Ali de 4 à 3,4% et celle de la Turquie de 17 à 13,3 %. Le transfert de sourcing n'est cependant pas la seule explication de cette «hémorragie». «On assiste donc à une perte de compétitivité globale du textile habillement méditerranéen qui tient à plusieurs raisons dont notamment l'érosion des préférences européennes, les importants efforts d'investissements de l'Asie en particulier de la Chine, le démantèlement de l'accord multifibres AMF et des pratiques déloyales de certains pays asiatiques (dumping économique et social)», souligne-t-on. Globalement et outre le jeu du marché, l'évolution des parités monétaires y est aussi pour quelque chose, bien que la valeur moyenne de notre monnaie (Dirham) a enregistré une légère appréciation de 1,1%, en s'établissant à 0,088 euro en 2009 au lieu de 0,087 euro un an auparavant. Sans oublier le tassement de 3% de la consommation vestimentaire européenne. «On assiste depuis quelques années à un transfert de sourcing européen au profit de l'Asie et au détriment de la Méditerranée». Comment alors les pays méditerranéens peuvent-ils remédier à une telle situation ? Le CEDITH leur recommande de mener une vigoureuse politique volontariste fondée sur le savoir et l'intelligence, la création et l'innovation, les nouvelles technologies d'information et de communication. Et cerise sur le gâteau, tout cela dans «un contexte concurrentiel assaini». Qu'en est-il des moyens ? Par ailleurs, la même source évoque que les prix moyens des vêtements importés du Maroc au cours de l'année 2009 ont baissé de 1,4% contre une hausse de 2,1% et 4,1% respectivement pour nos voisins de l'Est, la Tunisie et l'Egypte. Pour en savoir plus, le prix moyen des produits d'habillement importés du Maroc s'est établi à 21,49 euros contre 27,12 euros pour la Tunisie et seulement 11,87 euros pour l'Empire du milieu.