Le 14 janvier de l'année dernière, le premier domino d'une longue chaîne est tombé. En provoquant la lâche fuite de leur tyran, les Tunisiens ont, sans préméditation, ouvert les vannes à tous les peuples de la région qui étaient muselés avec brutalité en les sortant d'une longue léthargie. Un an après quel bilan, forcément provisoire, tirer de cette situation ? Le vent qui a soufflé sur la région a libéré la parole. Parfois à l'excès. La peur qui pesait sur les individus a sauté et les revendications se sont multipliées.Aujourd'hui en Tunisie, la liberté recouvrée souffre de plusieurs maux, certainement un passage obligé vers cette fameuse société démocratique que l'on croyait inaccessible de ce côté de la Méditerranée, mais qui pèsent sur la société civile dans son ensemble.La mise en parallèle du temps politique et du temps social met en lumière les différences d'échelle. Alors qu'il faut du temps pour reconstruire les institutions, le peuple, pressé, veut des résultats immédiats, ce qui engendre des frictions, qui à leur tour viennent saper le fondement essentiel de la reconstruction, à savoir la confiance.Or sans confiance, aucune décision ne peut être entérinée et partagée, ce qui se traduit en Tunisie par une crise économique difficile à supporter.L'euphorie qui accompagne tout mouvement de foule doit être pondérée, l'enthousiasme mesuré et les efforts nécessaires quantifiés. Pour arriver à cela, le peuple doit avoir confiance dans ses leaders, qui, pour mériter ce contrat, doivent faire montre d'une exemplarité exceptionnelle.La Tunisie, en ouvrant le bal, a un temps d'avance sur l'Egypte ou la Libye et il est vraisemblable que le processus en cours se poursuivra normalement jusqu'au retour à la normale. les soubresauts qu'elle connaît sont normaux. Mais au risque de se répéter, c'est dans la confiance que réside le succès du fonctionnement des institutions et de la reprise, que nous souhaitons forte et rapide à nos frères tunisiens en les félicitant encore et encore pour leur courage et leur exemplarité.