Les effets du Printemps arabe sur les pays de l'Afrique du Nord sont un secret de polichinelle. Si les différentes agences de notation ont réduit leurs notes attribuées à la Tunisie, à l'Egypte ou encore à l'Algérie, il en va de même pour Euromonitor qui voit les indicateurs de risque de ces trois pays se dégrader, qu'il s'agisse du niveau du risque sociopolitique, de la vulnérabilité de la performance économique ou encore de la stabilité financière de l'Etat, de l'énergie, voire même du risque environnemental. Or, contrairement à ce que l'on pourrait croire, le Maroc n'est pas à l'abri. Pire encore, il est le seul à présenter des risques moyen ou élevé (sur une échelle établie par Euromonitor à trois degrés : faible, moyen et élevé) sur tous les secteurs pris en considération, alors que les trois autres pays affichent des secteurs dont la vulnérabilité est faible. C'est le cas notamment des finances publiques et de l'énergie en Algérie, en Egypte et en Tunisie et l'immobilier pour ce dernier pays. Au Maroc ces trois secteurs : finances publiques, énergie et immobilier, présentent des niveaux de risque moyen pour les deux premiers et élevé pour le dernier. Cette situation trouverait son explication dans le niveau du déficit budgétaire qui va grandissant et dont le creusement risque de se poursuivre eu égard le poids des dépenses de compensation. Quant à l'immobilier, c'est surtout la crise internationale qui lui a donné le coup de grâce. En effet, nombre de promoteurs se sont positionnés sur des projets haut de gamme destinés à des consommateurs finaux étrangers, qui étaient avant la crise assez demandeur de ce type de produits. L'avènement de la crise a fait que les niveaux de vie de ces consommateurs se sont considérablement réduits et l'acquisition d'une résidence haut de gamme au Maroc n'est plus à portée de main. pLe Maroc socialement et Politiquement risqué Par ailleurs, le point commun entre l'Algérie, l'Egypte et le Maroc est, selon Euromonitor, le risque sociopolitique élevé. Ceci, alors qu'en Tunisie, il n'est que moyen. Si les observateurs expliquent cette hausse du risque en Algérie et en Egypte par l'opposition entre les intérêts de l'armée et des mouvements de l'opposition, il n'en est pas de même pour le Maroc. Selon Euromonitor, «l'adoption d'une échelle à trois degrés ne permet pas d'avoir un classement plus fin d'où le classement du Maroc au même niveau que l'Algérie et l'Egypte». Toutefois, ceci n'empêche pas que la vision des pays externes vis-à-vis du royaume a été fortement impactée par le Mouvement du 20 février, considéré comme mouvement de contestation politique à même de chambouler la stabilité du pays. À cette image, s'ajoute l'absence de visibilité quant à la composition l'exécutif du Maroc (composition du gouvernement de Benkirane), chargé justement de remédier à cette situation en apportant des réponses aux réclamations de la rue, alors qu'en Tunisie la transition s'est faite plus rapidement et plus sereinement accordant à ce pays un risque sociopolitique moins élevé, le positionnant en zone moyenne. Pour contacter Euromonitor : [email protected]