Suite au retrait de la Jamaâ des rangs du Mouvement du 20 février. Mustapha Meftah, fervent supporter du M20F et membre du bureau politique du PSU, fait part au Soir échos de son avis sur le tournant qu'est en train de vivre le « printemps marocain ». Cela fait 10 mois que le Mouvement du 20 février milite. Aujourd'hui, il fait face à un tournant, avec le retrait d'Al Adl wal Ihssan. Pouvez-vous faire un bilan de ces 10 mois ? C'est un mouvement qui a démontré une extraordinaire capacité de résistance et de ténacité. C'est un mouvement qui a fait renaître l'espoir auprès des Marocains. C'est vrai qu'à un moment, il a tourné en rond, ces perspectives n'étaient pas claires. Une partie des composantes du mouvement a essayé de noyer les revendications du mouvement. Mais aujourd'hui, avec le net progrès du PJD accompli lors des récentes législatives et le retrait de la Jamaâ du M20, le mouvement a commencé à repenser complètement sa stratégie, en revenant à ses premières revendications, à savoir la liberté, sous toutes ses formes, le modernisme, l'instauration d'une véritable monarchie parlementaire. Avec le retrait d'Al Adl du M20F, pouvons-nous dire que le mouvement est devenu un mouvement de gauche ? Non, le mouvement est plus large que cela. C'est un mouvement citoyen. Il y a d'autres composantes : des indépendants, des chefs d'entreprise ; même s'il est vrai que les valeur de modernité et de liberté sont plus revendiquées par la gauche que par la droite. Mohammed Sassi a récemment déclaré qu'Al Adl était un des problèmes du M20F ? N'est-ce pas l'hôpital qui se fout de la charité ? Non, il faut savoir qu'Al Adl wal Ihssan a créé beaucoup de problèmes au Mouvement du 20 février, y compris notre parti, le PSU. Ils ont voulu noyer nos revendication, ils ont obligé les jeunes à ralentir sur leurs demandes modernistes et progressistes. Al Adl a une vision conservatrice de la société, ils sont plein d'ambiguïté et d'imprécision. Néanmoins, il faut savoir que le M20 est soutenue par une large frange de la classe moyenne et de la bourgeoisie. À mon avis, je pense que ces gens-là (Al Adl wal Ihssan, ndlr) vont finir par revenir au Mouvement du 20 février, car c'est une chance unique pour le Maroc. Le pouvoir continue de faire la sourde oreille, il continue à affaiblir les institutions. On voit aujourd'hui que le chef du gouvernement est obligé de composer avec d'autres partis, les partis de l'administration sont toujours là. Je pense que ceux qui ont soutenu le PJD vont vite déchanter et revenir au Mouvement du 20 février. Vous n'avez toujours pas réussi à mobiliser ni les étudiants ni la classe ouvrière. Pourquoi ne vous font-ils pas confiance ? À mon avis, c'est notre discours qui est flou. On sait ce qu'on ne veut pas, mais on ne sait pas ce qu'on veut. Maintenant, c'est à nous de définir ce qu'on veut, de devenir une force de proposition. Il faut qu'on fasse rêver les citoyens. S'il est vrai que la classe ouvrière ne nous a pas suivis, en grande partie à cause de la cacophonie des syndicats, je pense qu'une bonne partie des jeunes du M20F sont des étudiants, il faut donc relativiser le fait que nous n'ayons pas réussi à convaincre les étudiants. En tout cas, je reste serein. La récente poussée du PJD et le retrait d'Al Adl vont avoir comme conséquence de pousser tous les démocrates à rejoindre le M20F. Et je suis persuadé qu'en 2012, nous allons faire tomber l'absolutisme. Toutes les forces modernistes vont finir par s'unir. Y compris l'USFP ? Je ne sais pas. Ce que je peux vous dire, c'est que je ne m'adresse pas aux boutiques. Al Adl vous reproche d'avoir plafonné les revendication. Ils prétendent que vous avez servi le régime en plaçant la monarchie parlementaire comme ultime plafond ? D'abord, ils étaient bien d'accord avec le Mouvement du 20 février, lorsque celui-ci a décidé de placer la monarchie parlementaire comme plafond des revendications. Al Adl wal Ihssan joue dans la duplicité. Leur mauvaise foi n'a fait que desservir le mouvement. Certains observateurs prétendent que suite au retrait de la Jamaâ, le mouvement finira par mourir. Qu'en pensez-vous ? Ceux qui prétendent cela sont des oiseaux de mauvais augure. On peut s'attendre à ce que le mouvement accuse le coup un certain moment, mais il reviendra de plus belle. Je suis persuadé que le mouvement reviendra aussi fort qu'il l'était en février, mars, avril et mai derniers.