Le RNI bascule dans les rangs de l'opposition. La réunion, lundi, de son comité exécutif en a décidé ainsi. Un positionnement tout à fait prévisible et en phase avec les déclarations de Salaheddine Mezouar à la presse au lendemain de l'annonce des résultats, encore partielles, des législatives du 25 novembre. « Un passage par fidélité à l'Alliance pour la démocratie », assure une source à la Colombe. Mais de là à engager l'ensemble des composantes du G8, c'est une autre paire de manches. « C'est une décision interne du RNI. De notre côté, nous attendons que le chef du gouvernement entame ses contacts avec nous pour ensuite décider de notre destination politique », commente Mohamed Abied, le secrétaire général de l'Union constitutionnelle. Et d'ajouter que l'approche de sa formation est « légale et sage parce que l'expérience a montré que des partis, donnés initialement dans la majorité, basculent dans l'opposition ». Une allusion au Mouvement populaire de Mohand Laenser contraint en 2007 à ne pas figurer sur la photo de famille du gouvernement de Abbas El Fassi à cause de divergences sur la répartition des portefeuilles ministériels. Le RNI rejoint ainsi le PAM, les seuls partis de l'Alliance pour la démocratie à se déclarer, officiellement, des opposants au premier gouvernement islamiste du PJD, conduit par Abdelilah Benkirane. Tracteur et Colombe comptabilisent, en effet, 99 sièges à la Chambre des représentants. Un score, certes, en deçà des prévisions des RNIstes, mais qui reste honorifique, conférant aux deux formations une place bien particulière, sachant que la nouvelle Constitution, dans son article 10, sur la « présidence de la commission en charge de la législation à la Chambre des Représentants », de même que l'article 82 précisent que les bureaux des deux Chambres sont dans l'obligation de consacrer « une journée par mois au moins [...]à l'examen des propositions de loi dont celles de l'opposition ». Contrairement aux PAMistes, les députés de la formation de Salaheddine Mezouar ne sont guère préparés pour mener à bien cette mission. Il faut remonter à la fin des années 70 pour tomber sur le premier passage du Rassemblement national des indépendants à l'opposition, à l'époque présidé par son fondateur Ahmed Osman. Un passage décidé de haut pour palier à la démission des parlementaires de l'USFP. « Ce nouveau positionnement du RNI contribue à la rationalisation du champ politique. D'un côté, nous aurons un pôle conservateur-fondamentaliste et en face un autre démocrate et réformateur », assure Mohamed Farès, le coordinateur national du PGVM (Parti de la gauche verte marocain). Pour lui c'est « cette décision que Salaheddine Mezouar a défendu lors de la réunion, samedi, des composantes de l'Alliance pour la démocratie, et ce, en dépit de quelques réticences de la part de membres influents du comité exécutif du RNI ». Des réticences qui pourraient se transformer en une contestation pouvant déstabiliser le pouvoir du député du RNI à Meknès.