Du côté du RNI, l'ambiance n'était pas à la fête au soir des résultats. Reportage au siège du parti à Rabat où la déception était bien au rendez-vous. Il est 20H30 devant le siège flambant neuf du RNI, situé boulevard Ennakhil, dans le nouveau quartier d'affaires de Rabat. Devant la porte de l'immeuble abritant le QG du parti, pas l'ombre d'un militant. étrange pour une soirée qui s'annonce décisive pour l'avenir du parti. « Il doit y avoir plus de journalistes que de militants », ironise un jeune journaliste, sans doute surpris par l'attitude tiède des militants du RNI, ainsi que par leur nombre limité. Car ils étaient, tout au plus, une trentaine. Au 5e étage, l'équipe en charge de la campagne s'apprêtait à vivre une nuit blanche. Les résultats arrivaient au compte-gouttes. On se rassure tant bien que mal À 21H30, les ministres du RNI commencent à faire leur apparition, à l'image d'un Yassir Zenagui, encore confiant quant aux résultats prévus par sa formation. « J'ai confiance en Mezouar, c'est l'homme de la situation. C'est l'un des rares hommes politiques à pouvoir traiter aussi bien avec les Marocains qu'avec les étrangers », déclare le jeune ministre du Tourisme. Mezouar, quant à lui, fait une entrée discrète dans les locaux de son parti. Sa fille, venue l'accompagner au siège du parti, tout sourire, filme à l'aide de son téléphone portable l'ambiance régnant dans le QG. Quelques minutes plus tard, l'atmosphère change tout à coup, la sérénité qui marquait les visages des militants vire à l'inquiétude. Les premières rumeurs faisant état d'une avancée palpable du PJD se font de plus en plus insistantes. « Le PJD serait en train de créer la surprise dans le milieu rural », confie un journaliste à un de ses confrères, ce que réfute les militants RNistes présents dans la salle. «Ils ont gagné, c'est sûr » 22H30, les premières estimations commencent à tomber, les cadres du parti sont bien évidemment au courant, mais ne laissent rien paraître. « Rien n'est encore joué, ça ce jouera au coude à coude », tente de rassurer une jeune cadre du parti, mais les dés semblent jetés, le RNI serait même devancé par le parti de l'Istiqlal et se retrouverait à la troisième place, loin derrière la première place que Mezouar avait pour ligne de mire. Réunion de crise. C'est l'heure pour les journalistes de quitter les lieux, direction la villa du parti, où les cadres du G8 se retrouvent pour lancer un appel commun. Le communiqué stipule aussi que le G8 accepterait, dans n'importe quel cas de figure, le résultat des urnes. Sans doute sont-ils déjà au courant de l'avance conséquente du PJD. « C'est bon, ils ont gagné, le PJD a gagné, c'est sûr !», lance une des personnes ayant dirigé la campagne du RNI. La nouvelle tombe comme un couperet. Mais peut-on parler d'une surprise ? Décalage La campagne électorale réalisée par le RNI est sans doute la plus moderne techniquement. En matière de communication, le parti de la colombe a fait fort, n'hésitant pas capitaliser sur les réseaux sociaux, avec notamment une application Iphone. Problème, le fond est demeuré le même. Car si le parti a mis le paquet en matière de communication, le RNI n'a pas pu rassurer sur le terrain, oubliant que l'écrasante majorité des électeurs n'utilisent pas Internet. Le résultat est sans appel, le parti se retrouve troisième, loin derrière un PJD, dont Mezouar avait déclaré que les Marocains ne seraient pas près de suivre. Et pourtant… Erreurs S'il est vrai que Salaheddine Mezouar a tout fait pour que son parti passe d'un parti de l'administration à un véritable parti indépendant et libéral, l'ancien basketteur traîne, malgré lui, des boulets qui lui ont décidément coûté cher. On se souvient qu'en janvier 2010, Mustapha Mansouri est toujours le président légitime du RNI quand Mezouar, que l'on dit soutenu par Fouad Ali El Himma, réalise un putsch et prend la tête du parti sous prétexte qu'il est le leader d'un « mouvement réformateur ». Autre erreur, sa trop apparente complicité avec le PAM, parti banni par la rue marocaine depuis le début des manifestations du 20 février. Et, enfin, sa dernière alliance avec 7 autres partis, qui n'a eu d'autre impact que de faire du parti de Benkirane une victime. Le cas de parler d'un vote-sanction. Petits partis : les grands perdants. Les législatives anticipées du 25 novembre augurent d'une rationalisation du champ politique. Les petits partis qui prolifèrent dans le champ politique sont, incontestablement, les grands perdants de ce scrutin, avec des scores ne dépassant pas les deux sièges dans les meilleurs des cas : Le PT de Abdelkrim Benatiq, le PRE de Chakir Achehbar, le MDS de Abdessamad Archane, le PAD (parti Al Ahd Addimocrati) de Najib El Ouazzani et le PEDD de Ahmed Alami, font partie de cette catégorie, alors que le reste peut se consoler d'un seul et unique siège. C'est le cas du PGVM de Mohamed Farès, PA de Mohamed Drissi, ou encore le PUD (Parti de l'unité et de la démocratie) de Abdelouahed Fitri, une scission de l'Istiqlal. Le FFD, qui n'a pas lésiné sur les moyens, couvrant même plus d'une soixantaine des 92 circonscriptions en lice, se retrouve en fin de la liste avec un seul siège. Une campagne pour juste des prunes pour Thami El Khayari qui s'accroche, contre vents et marées, à son titre de secrétaire général du parti. Une autre formation du même acabit est sortie sans même «les prunes «du FFD ; il s'agit de Annahda et El Fadila de Mohamed Khalidi. Ni Marhani à Sidi Bernoussi ni Zemzemi à Anfa n'ont pu garantir à ce parti, qui se dit islamiste et membre du G8, une présence dans le premier Parlement de la nouvelle Constitution. M.J. Réda MOUHSINE