Instaurer les règles de la bonne gouvernance, booster l'investissement public, diversifier les partenariats, taxer les riches…et institutionnaliser la Zakat. Voici comment le parti islamiste compte dynamiser la croissance. Mais est-ce suffisant? « C'est une véritable bombe à retardement et un cadeau empoisonné que Mezouar a filé au prochain gouvernement», nous lance d'emblée un économiste qui requiert l'anonymat. Cette réaction à chaud, après la victoire écrasante du parti de la lampe lors des législatives anticipées, nous en dit long sur les défis socio-économiques qui attendent le prochain gouvernement. Déficit budgétaire alarmant, balance commerciale déficitaire face à une Europe en crise. Et pour rassurer, Abdelilah Benkirane et Lahcen Daoudi du PJD crient sur les toits que la solution ne tient qu'en un seul mot : la bonne gouvernance. Mais serait-ce suffisant? 60 milliards de dirhams de plus par an ! Contacté par Le Soir échos, Mohamed Najib Boulif, économiste du PJD argue qu'une bonne gouvernance politique et économique injectera entre 50 et 60 milliards de DH supplémentaires dans les caisses de l'Etat annuellement ! Pour lui, il faut booster l'investissement public, même s'il est déficitaire, pour soutenir la croissance. Autre piste, la diversification des partenaires du Maroc. Pour cela, le PJD compte doter le fonds de promotion des exportations marocaines, qui s'établit actuellement à 250 millions de DH, de fonds supplémentaires et cibler les pays asiatiques comme la Chine ou la Corée. Mais la hausse du SMIG à 3 000 DH, comme promis par le PJD, n'est-elle pas incompatible avec la volonté de rendre l'entreprise marocaine plus compétitive ? « C'est en lui permettant de créer de la valeur ajoutée que l'entreprise se dotera de véritables avantages comparatifs. De plus, ce n'est qu'en 2016 que le SMIG atteindra les 3 000 DH. Il y aura des hausses progressives de 5 à 7% par an. », nous fait savoir Boulif. Qui dit création de la valeur ajoutée chez l'entreprise, dit augmentation de la production et donc hausse de la demande intérieure en boostant la consommation et par conséquent dynamisation du taux de croissance du pays. Institutionnaliser la zakat ! Pour le déficit budgétaire, Boulif reste très confiant. « Les baisses des transferts des MRE ou des recettes douanières peuvent être compensées par plusieurs volets, mal exploités. Vous n'imaginez pas la manne qu'on pourra recevoir des pays du Golfe grâce au financement alternatif», tient à rassurer l'économiste du PJD. Selon lui, plusieurs caisses et fonds de l'Etat sont mal gérés et non transparents comme le Fonds Hassan II ou le fonds Awqaf. Parmi les mesures qui seront adoptées par le PJD, figurent la taxe sur les signes extérieurs de richesse qui sera d'environ 30% ainsi que l'institutionnalisation de la Zakat. Cette dernière sera orientée vers la caisse de compensation, ce qui allégera notamment le déficit budgétaire. On verra.