Le Parti de la Justice et du Développement (PJD) envisage de collecter, lors de la première année seulement, 16 milliards de Dhs. Une enveloppe qui servira à l'investissement et à la lutte contre la pauvreté. Aquelques semaines seulement des élections législatives du 7 septembre 2007, le 12 juillet à Rabat, le Parti de la Justice et du Développement (PJD) a présenté son programme politique et électoral et spécialement le volet économique. Plusieurs personnalités étaient présentes à cette rencontre, notament le président de la CGEM, Moulay Hafid Elalamy, le président de Daba 2007, Noureddine Ayouch et le président de Forces Citoyennes (allié du PJD) Abderrahim Lahjouji. De prime abord, nous pouvons dire que le PJD a des objectifs ambitieux. Il a fixé, chiffres à l'appui, les moyens pour les atteindre. Ainsi, le PJD compte collecter 16 milliards de Dhs, durant la première année, s'il accède au pouvoir. Il s'agit de nouvelles sources de financement de son projet politique, si jamais il arrive au pouvoir. Ce montant est composé, tout d'abord, du «reste à recouvrer» par le fisc. Lors de la première année, le PJD compte récupérer 3,5 milliards de Dhs sur cette rubrique. À cela s'ajoute une réforme d'un certain nombre d'avantages fiscaux, qui permettra à l'éventuel gouvernement dirigé par le PJD, de drainer 2,5 milliards de Dhs. Sur ce point, Mohamed Najib Boulif, économiste et député du PJD, qui a effectué l'exposé du 12 juillet, n'a pas donné de détails sur les avantages fiscaux que le PJD compte remanier, voire supprimer. Ce silence s'explique peut-être par le fait que le PJD ne veut pas faire de mécontents, dans l'immédiat. Toujours est-il, des mécontents il y en aura, puisque le parti islamiste a la ferme intention de tenir sa parole en luttant, notamment, contre les fraudes et les évasions fiscales. D'ailleurs, cette lutte permettra au gouvernement de récolter la bagatelle de 2 milliards de Dhs. Une enveloppe qui s'ajoute à 2 autres milliards de Dhs, fruits de la lutte contre la corruption. Il s'agit de réaliser des économies substantielles, notamment lors des passations des marchés publics. En outre, l'élargissement de l'assiette fiscale permettra aux caisses de l'Etat de gagner au moins 1 milliard de Dhs. La solidarité avant tout En plus de ces 11 milliards, le PJD prévoit de collecter 5 autres milliards de Dhs à travers un certain nombre de taxes de solidarité. Sur ce volet, la caisse de compensation jouera un rôle primordial, «mais après le profond assainissement qu'elle subira, afin de s'assurer que la compensation ira effectivement aux nécessiteux», souligne Lahcen Daoudi, secrétaire général adjoint du PJD. Ainsi, la taxe sur le profit des actions, passera de 10% à 20%. La différence sera versée directement à la solidarité et permettra d'encaisser 1 milliard de Dhs. Même chose pour les dernières tranches des factures d'eau et d'électricité qui engendreront, selon les calculs du PJD, pas moins 500 millions de Dhs. La taxe sur l'habitation, quant à elle, sera remaniée pour dégager 1 milliard de Dhs. La taxe sur le ciment en vrac sera augmentée de 0,5 centimes par kilogrammes afin de renflouer les caisses de l'Etat d'un milliard de Dhs. Quant à la TVA, elle connaîtra une uniformisation. Les experts du PJD ont prévu uniquement deux taux de TVA : 10% et 17%. Toutefois, des exceptions sont prévues. Une exonération totale est envisagée pour les fournitures scolaires de l'école primaire. «À travers cette mesure, nous voulons encourager la scolarisation des enfants, et pour que les fournitures ne soient plus un obstacles devant les parents», explique Lahcen Daoudi. Autre exception: les produits de luxe seront assujettis à une TVA de 30%. «Si une personne veut manger du caviar ou acheter du marbre d'Italie, c'est son droit le plus absolu, mais elle doit faire preuve de solidarité à l'égard de ces concitoyens», lance Daoudi. Par ailleurs, et toujours dans le cadre de la solidarité, le PJD compte créer un Fonds pour la Zakate, dans lequel les riches peuvent déposer l'argent de cet impôt religieux. Le PJD prévoit ainsi de collecter 500 millions de Dhs lors de la première année. En outre, un autre fonds sera mis en place, le Fonds des Habous. Il collectera un milliard de Dhs. Comment le PJD compte dépenser ces 16 milliards de Dhs ? Les responsables du parti assurent qu'aucun centime collecté ne servira pour le budget de fonctionnement. En clair, tout sera injecter dans l'investissement. Par ailleurs, un programme a été établi pour permettre le parrainage de 100.000 enfants pauvres par les citoyens marocains. Ce programme fait intervenir, en plus de l'Etat, les associations et autres acteurs de la société civile. Un intérêt particulier est réservé au secteur touristique, puisque le PJD envisage d'atteindre à l'horizon 2012, environ 120 milliards de Dhs de recettes, 10 millions de touristes, dont 200.000 seront des retraités étrangers qui s'installeront définitivement au Maroc.