Les éditions Gallimard proposent un livre original consacré à une curiosité éditoriale, le « livre pauvre », où l'écrit et l'image ont mis en jeu, à mi-chemin entre l'ultra sobriété de la forme et la richesse du fond. Daniel Leuwers, universitaire, poète et essayiste, par ailleurs président pour la France de l'Association internationale des critiques littéraires (AICL), est un ardent défenseur de la poésie. Passionné d'art pictural, il est l'instigateur du concept de « livre pauvre » dont les exemplaires sont hors commerce, et qui s'écarte des «belles » éditions, contribuant à la création de livres aux formats discrets, où textes, peintures ou photos sont mis en valeur. Ces beaux ouvrages sont des œuvres artisanales sans visée financière et dont la particularité réside dans leur rareté (entre un et six exemplaires), et dans le fait qu'ils sont manuscrits et illustrés par des artistes contemporains de renom : peintres, photographes, poètes et romanciers. À l'écart du circuit commercial Cette forme de petit livre, qui se veut minimaliste de par la mise en œuvre, est riche de dialogue entre auteurs. Espace de rencontre entre l'art et la littérature, il met en face à face le texte manuscrit d'un écrivain et l'illustration originale d'un peintre. S'éloignant des circuits des bibliophiles, voire les maisons d'éditions au sens classique du terme, le «livre pauvre» est présenté au public lors d'expositions programmées dans le monde. Leuwers commence par plier du papier, puis l'envoie à des écrivains et des artistes qui en font un objet d'art unique. Plus de 1 000 «livres» ont ainsi vu le jour, signés de poètes prestigieux, dont Arrabal, Pierre Bergounioux, Michel Butor, Patrick Chamoiseau, Henri Meschonnic, Bernard Noël, Zoé Valdès, Jean-Pierre Verheggen, Claude Vigée. Et, côté peintres, d'André-Pierre Arnal, Jean-Gilles Badaire, Georges Badin, Julius Baltazar, Colette Brunschwig, etc. Trois gros catalogues, présentant les ouvrages et leurs reproductions en couleurs offrant un panorama unique de cette belle aventure, ont été successivement édités avant ce dernier en 2011 : Le livre pauvre, Tarabuste, 2003 ; Livre pauvre/Livre riche, Somogy, 2006 ; enfin Richesses du livre pauvre, Gallimard, 2008. Dans cet ouvrage, Leuwers a réuni une centaine de ces livres singuliers créés par des écrivains comme Michel Butor, Fernando Arrabal ou Yves Bonnefoy, et des artistes comme Pierre Alechinsky, Erró ou Claude Viallat. Après une introduction qui expose la démarche et présente les couples écrivains-artistes, les « livres pauvres» sont reproduits sans être commentés. Le poète compose, à la main et sur papier vierge, chaque exemplaire du livre et choisit le peintre qui l'accompagnera sur ces mêmes exemplaires, chacune des illustrations étant elle-même un original qui servira le recueil final. Les livres ne nécessitent le relais d'aucun graveur, lithographe, imprimeur et, en bout de la chaîne, diffuseur ou libraire. Un livre où la poésie est artistiquement mise en images, et où le vrai le dispute au simple. Une acquisition magnifique. Leuwers, instigateur d'une belle aventure Daniel Leuwers, universitaire participant à de nombreux colloques internationaux sur la poésie, poète et essayiste, par ailleurs président, pour la France, de l'Association internationale des critiques littéraires (AICL), est un ardent défenseur de la poésie. Il rédige de nombreuses chroniques sur les poètes contemporains, notamment dans les revues Autre Sud et Poésie-Première. Spécialiste de poésie de Rimbaud et Mallarmé jusqu'à aujourd'hui, auteur d'une Introduction à la poésie moderne et contemporaine (Armand Colin, 1995, rééditée plusieurs fois), d'une Histoire de la littérature française, de Zola à Apollinaire (Flammarion, 1996, reprise en Garnier-Flammarion), il a consacré des livres à Pierre Jean Jouve, René Char, Arthur Rimbaud, Yves Bonnefoy. Daniel Leuwers est un passionné d'art qui, en quelque sorte, «donne à voir» la poésie.