Peu de temps après sa mise en place, le label e-thiq@ commence déjà à subir la foudre des critiques, notamment de la part des e-marchands qui en sont déçus. Les détails. Le label qui devait rassurer les e-consommateurs suscite déjà des soupçons dans la sphère des e-marchands. e-thiq@, puisque c'est de ce label dont il est question, a été pointé du doigt lors du salon de l'e-commerce, dont la première édition s'est déroulée du 3 au 5 novembre à Casablanca. Principal reproche : le label serait facilement « falsifiable ». Ce sont en tout cas les propos de quelques e-marchands rencontrés lors de l'événement. «Nous ne sommes pas convaincus par ce label, car il n'apporte pas de garantie réelle. Il est en plus facile à copier», déclare un professionnel au Soir échos. De plus, obtenir le label relèverait des douze travaux d'Hercule. Toute entreprise souhaitant obtenir le sésame doit adresser une demande, signée par le représentant légal de l'entreprise, au président de la commission e-entreprise de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Elle devra ensuite être contractée avec un tiers-expert accrédité par la confédération pour la réalisation d'une mission d'évaluation. A titre de rappel, six cabinets ont été sélectionnés par la confédération pour ces missions d'évaluation. Une fois l'audit passé avec succès, le label est finalement attribué par le président de la CGEM, sur avis d'une commission d'attribution à l'entreprise concernée. Toutefois e-thiq@ est délivré pour une durée de deux ans au maximum. Ceci sous-entend un renouvellement de la demande à la fin de cette période, un véritable problème pour les entreprises puisque le processus de labéllisation engage des frais assez importants. D'abord, l'évaluation, qui est un préalable à tout éventuel octroi de labéllisation, est facturée entre 7 000 et 15 000 DH/jour par les cabinets accrédités. Des frais d'inscription au processus Label e-thiq@ doivent également être payés à la CGEM avant la remise du Label. Il faut compter pour cela en moyenne 3 000 DH. Mission impossible Autre critique formulée à l'encontre du label, il semblerait que ce dernier, qui a également pour objectif de promouvoir le développement du commerce électronique au Maroc, ne pourra remplir cette mission. «Nous ne pouvons pas compter sur ce label pour promouvoir le e-commerce, car les vrais problèmes qui bloquent aujourd'hui les entreprises sont la caution et la commission demandées par le Centre monétique interbancaire (CMI)», fait remarquer El Amine Serhani, président de la Fédération nationale du e-commerce au Maroc (FNEM). La caution demandée par le CMI, pour couvrir d'éventuelles fraudes, peut atteindre 50 000 DH. Un label vraiment utile ? Le label e-thiq@ a été créé par le ministère de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles technologies, en partenariat avec la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) dans le cadre de la mise en œuvre de la mesure du plan «Maroc Numeric 2013» pour le renforcement de la confiance des citoyens et des entreprises marocaines dans le commerce électronique. La convention de partenariat a été signée par le ministre Ahmed Réda Chami et le président de la CGEM, Mohamed Horani, le 17 juin dernier. Toutefois, Il a fallu attendre 3 mois pour son entrée en vigueur en date du 29 septembre 2011. Quand à sa cible, elle est constituée, principalement, de toute entreprise possédant un site internet de vente de produits ou de services dans le cadre du respect de la réglementation marocaine en vigueur. Un détail laisse à réfléchir : il a été précisé lors de la conférence du lancement du label qu'il n'est pas obligatoire que le site de vente de produits propose un système de paiement en ligne. On se poserait alors des questions quant à l'utilité du label pour ce genre de site. Quant à la commission payée par les sites e-marchands en fonction de leurs ventes, son taux qui avoisine 3,5 % paraît bien exagéré, même comparativement avec des pays comme la France où le e-commerce est très développé. Il est utile de rappeler, dans ce contexte, que cette commission à été la principale raison derrière le rejet des dossiers de 1 200 sites internet par la CMI. Serait-ce la solution ? Ces entreprises ne voulaient ou ne pouvaient payer la commission. «Nous demandons aujourd'hui à nos clients d'aller chercher du cash pour payer leurs achats parce qu'il est inconcevable pour nous de partager notre commission avec le CMI», nous confie un marchand de la place. Une correction est donc nécessaire. «Les deux facteurs qui sont, à notre avis, très positifs pour le développement de l'e-commerce au Maroc sont la suppression de la caution et une faible commission dégressive de 0,25% , comme c'est le cas dans plusieurs pays», précise le président de la FNEM.Bien que les requêtes des professionnels soient légitimes et honorables, l'état actuel des choses fait que Maroc Télé commerce et le CMI ont le monopole sur ce segment. En France, les e-commerçants négocient les commissions directement avec leurs banques. Ces commissions peuvent être, dans certains cas, inférieures à 0,6 %. En attendant d'arriver à ce stade, les Marocains devront continuer à payer par transfert de fonds ou virement bancaire. Des méthodes statistiquement bien plus risquées.