Le Réseau des femmes journalistes (RFJ) a organisé sa première assemblée générale la semaine dernière. Cette nouvelle association à but non lucratif a pour objectifs la promotion de la situation de la femme journaliste et l'accentuation de la présence des femmes à tous les niveaux de responsabilité dans les médias. Entretien avec Khadija Alaoui, l'une des membres fondatrices du réseau. Comment est née l'idée de créer un réseau de femmes journalistes marocaines ? Créer une association des femmes journalistes du Maroc est une idée qui ne date pas d'hier. Avec quelques consœurs, nous y avons pensé, il y a quelques années, mais nous n'avons jamais pu mettre sur pied une telle association. Et ce n'est qu'en mars de cette année, dans le cadre d'un voyage dédié aux « journalistes d'excellence » et organisé à l'initiative d'International Media Support (IMS) à Copenhague (Danemark), que nous avons décidé de plancher sérieusement sur cette question. Lors de ce voyage, nous avions eu l'occasion de rencontrer les membres d'une association danoise, K2, qui regroupe surtout des journalistes aux postes de responsabilité. Nous avons beaucoup apprécié le mode de fonctionnement collégial de cette association. C'est donc à Copenhague, après les visites des institutions de presse de ce pays et les ateliers de formation, que nous nous réunissions le soir entre nous, pour débattre de la situation de la presse au Maroc et surtout des freins qui empêchent les femmes journalistes d'accéder aux postes de responsabilité. De retour au Maroc, nous avons commencé à nous retrouver presque toutes les semaines pour en débattre. Le Réseau des femmes journalistes (RFJ) a enfin pu voir le jour le 4 novembre 2011 à Casablanca. « Je peux vous dire que, quoi qu'on en dise, les discriminations à l'encontre des femmes journalistes existent et persistent ». Qui peut en faire partie ? Le Réseau des femmes journalistes est ouvert à toutes les femmes journalistes en exercice ou ayant exercé le métier de journaliste. Nous avons élargi ce réseau aux journalistes stagiaires et aux étudiantes en journalisme. Car nous estimons que ce sont elles qui ont le plus besoin de notre accompagnement et des formations que le réseau peut leur prodiguer. L'adhésion est également ouverte à des membres sympathisants, hommes et femmes, et qui peuvent, grâce à leurs compétences et expertises accompagner le réseau dans ses missions. Le choix de la date de création est-il lié au contexte de réformes actuelles que vit le pays ? Le choix de la création du Réseau des femmes journalistes coïncide avec cette phase de démocratisation que le Maroc vit actuellement. Dans cette dynamique, les femmes journalistes sont appelées à jouer un rôle de premier plan, vu leur poids dans la profession et les valeurs d'émancipation sociétale qu'elles portent. Dans ce sens, le Réseau des femmes journalistes ambitionne de promouvoir la situation de la femme journaliste, de favoriser sa présence à tous les niveaux de responsabilité dans les médias. Les membres fondatrices du RFJ, ainsi que toutes les adhérentes actives, s'engagent à travailler là-dessus. Quels sont les freins au bon exercice des missions de la femme journaliste ? Ayant moi-même exercé pendant plus de 20 ans dans un quotidien national, je peux vous dire que, quoi qu'on en dise, les discriminations à l'encontre des femmes journalistes existent et persistent. Les rédactions demeurent un univers machiste par excellence, et même si les femmes sont plus compétentes que les hommes, lorsqu'il s'agira de choisir un rédacteur en chef, ce sera un homme qui obtiendra le poste… Pourquoi ne pas avoir poussé à la création d'un réseau de journalistes, sans distinction de sexes ? Ce réseau est une idée qui émane de femmes, fait par des femmes et pour les femmes. Nous pensons qu'à l'instar de ce qui se passe dans différents pays, les journalistes femmes ont besoin d'un espace qui leur est spécialement dédié. A l'heure actuelle, elles en ont vraiment besoin ! Le RFJ sera donc un espace d'échanges et de réseautage pour soutenir la femme journaliste, améliorer son statut et ses compétences ainsi que ses conditions de travail.