Le journal satirique français Charlie Hebdo a vu ses locaux incendiés dans la nuit de mardi à mercredi. Une attaque qui intervient alors que l'édition d'hier titrait « Charia Hebdo ». Humour et religion ne font pas bon ménage, semble-t-il. Alors que le journal satirique français Charlie Hebdo a publié hier un numéro spécial baptisé « Charia Hebdo », sa rédaction parisienne a fait l'objet d'un incendie criminel dans la nuit de mardi à mercredi. « Tout a été détruit », a déclaré le dessinateur, rédacteur en chef et directeur de la publication, Charb. En parallèle à l'attaque, le site web du journal a fait l'objet d'un piratage. La page d'accueil a été remplacée par une photo de La Mecque et des versets du Coran. « 100 coups de fouet si vous n'êtes pas morts de rire » Pour l'instant, aucune piste n'a été confirmée par les enquêteurs, mais pour le rédacteur en chef Charb, le lien avec l'édition de cette semaine ne fait aucun doute. A la Une du journal de ce mercredi sur les élections en Tunisie, rebaptisé « Charia Hebdo », un personnage présenté comme le prophète Mohammed déclare « 100 coups de fouet si vous n'êtes pas morts de rire ». Manifestement, la Une, qui circule depuis quelques jours sur le web, n'a effectivement pas provoqué l'hilarité de tous. Le journal dit avoir reçu récemment sur Twitter et sur Facebook un certain nombre de « lettres de protestation, de menaces, d'insultes», que la direction du journal s'apprêtait à transmettre à la police. Dès l'annonce hier matin de l'attaque, les condamnations ont été unanimes dans l'Hexagone, dont notamment Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman. Ce n'est pas la première fois que des caricatures du prophète Mohammed provoquent une levée de boucliers. Celles publiées dans le journal danois Jyllands-Posten en 2005, et reprises par Charlie Hebdo en 2006, avaient valu au journal satirique d'être attaqué en justice par la Grande mosquée de Paris et l'Union des organisations islamiques de France (UOIF). La Cour d'appel avait finalement prononcé la relaxe dans cette affaire. Pour la Cour, les caricatures ne constituaient pas « une injure » à l'égard des musulmans, visant « clairement une fraction », à savoir les terroristes, « et non l'ensemble de la communauté musulmane ». Charlie Hebdo, journal à l'humour souvent provocateur, a été à plusieurs reprises l'objet de poursuites en justice pour ses dessins touchant à la religion. « En 19 ans de Charlie Hebdo, on a eu treize procès avec l'extrême droite catholique et on a eu un procès avec les musulmans », notait Charb, directeur de la publication, avant d'ajouter « Et il se trouve qu'on parle cent fois plus des dessins qui concernent les musulmans que de ceux qui concernent les catholiques, les juifs, les bouddhistes ou les autres religions ».