Le procès contre Charlie Hebdo a été ouvert le 7 février au Tribunal correctionnel de Paris. Le journal satirique est accusé d'avoir publié en 2006 des dessins injurieux envers le Prophète Sidna Mohammed. Le procès engagé par des organisations musulmanes contre l'hebdomadaire Charlie Hebdo pour avoir publié en 2006 trois dessins représentant le prophète Mahomet s'est ouvert le 7 février à Paris en l'absence des plaignants. Le tribunal correctionnel de Paris a commencé l'examen des poursuites engagées par l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) et la Grande mosquée de Paris (GMP) contre Charlie Hebdo pour “injure publique à l'égard d'un groupe de personnes à raison de leur religion”. L'Union des organisations islamiques de France (UOIF), la Grande mosquée de Paris et la Ligue islamique mondiale poursuivent l'hebdomadaire satirique pour "injures publiques envers un groupe de personnes en raison de leur appartenance à une religion", incrimination qui vise la société d'édition et son directeur de publication Philippe Val. Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée de Paris et président du Conseil français du culte musulman (CFCM), ne s'est pas rendu au tribunal où il s'est fait représenter par son avocat Me Francis Szpiner. Les deux autres organisations étaient également représentées par leurs avocats. L'avocat de Charlie Hebdo, Me Georges Kiejman, a qualifié ces absences de "dérobade". Se présentant en porte-drapeau de la liberté d'expression, le périodique avait repris en février 2006 certaines des caricatures de Mahomet publiées initialement en septembre 2005 dans le journal danois Jyllands-Posten. Il s'agissait du point de vue de Charlie Hebdo de répliquer à la vague de manifestations violentes et au boycott des produits industriels danois provoqués dans le monde musulman par des religieux qui jugeaient les dessins danois blasphématoires ou racistes. Philippe Val, le directeur de la publication de Charlie Hebdo, est en théorie passible de six mois de prison et de 22.500 euros d'amende, mais en cas de culpabilité, la jurisprudence limite en général les peines à des amendes. L'initiative de Charlie Hebdo avait suscité une critique du président Chirac qui avait condamné une "provocation manifeste" susceptible à ses yeux "d'attiser dangereusement les passions". La rédaction du magazine satirique a fusionné avec celle du quotidien Libération pour une édition commune mercredi, avec de nombreux dessins sur les intégristes, dans le but affiché de défendre la liberté d'expression. La "une" de Charlie montre un prêtre catholique, un rabbin et un imam clamant ensemble : "il faut voiler Charlie !" Celle de Libération montre un imam barbu s'attaquant à la hache à un crayon. Dans un éditorial, le directeur de Libération s'en prend au président de la République, qui avait en son temps condamné l'initiative de Charlie Hebdo. «Ce procès idiot, manifestement favorisé par Jacques Chirac, qui a un contrat d'armement à la place du cerveau, est un procès de presse», écrit-il. Le troisième dessin attaqué, publié en couverture de Charlie hebdo, est une production propre et montre, avec un titre "Mahomet débordé par les intégristes", le Prophète qui se voile les yeux et dit : "c'est dur d'être aimé par des cons".