Comédienne découverte dans « Indochine », depuis un impérissable tango, Linh Dan Pham incarne grâce, intelligence et sensibilité. Entretien sans fard avec une âme qui plane entre Orient et Occident au 5e Festival international du film de femmes de Salé lors de la présentation de « Vertiges ». Elle est arrivée au monde du cinéma par pur hasard avant de se retrouver, d'emblée, sur les plus grands tournages, à commencer par un rôle dans «Indochine». Une interprétation qui lui a valu une nomination aux Césars. Après une «pause» volontaire, elle se voit de nouveau proposer des rôles majeurs et décernerer un César pour son rôle dans « De battre mon cœur s'est arrêté ». Depuis, elle enchaîne les succès. Son charme, son errance entre Orient et Occident et la qualité de ses interprétations font aujourd'hui de Linh Dan Pham une valeur sûre du grand écran. Rencontre. Comment êtes-vous devenue comédienne ? Par pur hasard, je me destinais à être pédiatre. Mon père a lu une annonce dans un journal « recherche jeune actrice vietnamienne pour le prochain film de Régis Wargnier ». Il nourrissait toujours l'espoir de renouer avec le Vietnam. C'est une de mes amies qui a pris rendez-vous pour le casting auquel je me suis présentée. Un mois plus tard, on m'a téléphoné pour m'annoncer que Régis Warnier souhaitait me rencontrer, j'ai répondu à la personne à l'autre bout du fil, que ce n'était pas possible car ma famille allait vivre en Hollande. J'avais 17 ans, je ne réalisais pas l'importance de cet appel, j'ai le souvenir de cette personne qui m'a alors répondu qu'il s'agissant d'une grande opportunité, ce à quoi j'ai encore à nouveau dit non, puisque je partais en vacances avec mes parents aux Etats-Unis. A notre retour, nous avions reçu de nombreux appels sur répondeur, cette fois mes parents qui ignoraient les précédents contacts ont rappelé. La suite a été mon interprétation pour le rôle de Camille, fille de Catherine Deneuve dans « Indochine ». J'ai alors été nominée pour le César du Meilleur espoir féminin en 1993. Je ne tournais que pendant les vacances scolaires, les rôles qui ont suivi étaient particulièrement stéréotypés, ce qui m'a encouragée à poursuivre des études de médecine et ensuite de commerce. J'ai travaillé au Vietnam et à Singapour, où on parvenait toujours à me retrouver pour me demander d'incarner des rôles ! Une scène de De battre mon cœur s'est arrêté, qui a obtenu le César du Meilleur espoir féminin. C'est ce qui vous a amenée à renouer avec le cinéma ? Oui et le management ne me correspondait pas. En 2000, je suis allée vivre à New York afin d'y suivre l'actor's studio pendant quatre ans. J'ai beaucoup aimé le métier de comédienne à ce moment. De retour en France, les films « Les mauvais joueurs » puis « De battre mon cœur s'est arrêté » m'ont confortée dans cette voie. Le César du Meilleur espoir féminin, obtenu pour mon interprétation dans « De battre mon cœur s'est arrêté », a été la confirmation de mon choix et de mon envie de cinéma. C'est ce qui vous a amenée à renouer avec le cinéma ? Oui et le management ne me correspondait pas. En 2000, je suis allée vivre à New York afin d'y suivre l'actor's studio pendant quatre ans. J'ai beaucoup aimé le métier de comédienne à ce moment. De retour en France, les films « Les mauvais joueurs » puis « De battre mon cœur s'est arrêté » m'ont confortée dans cette voie. Le César du Meilleur espoir féminin, obtenu pour mon interprétation dans « De battre mon cœur s'est arrêté », a été la confirmation de mon choix et de mon envie de cinéma. Que vous a inspiré le scénario de « Vertiges » ? Un vrai coup de cœur, je n'ai pas pu m'en détacher. J'ai été obsédée par Câm, le personnage de cette écrivaine. C'est ce rôle que je voulais plus que tout. Peut-être parce qu'inconsciemment, il révélait une part de moi-même liée aux non-dits, à la solitude forcée, au désir que l'on éprouve pour quelqu'un sans pouvoir lui avouer ? D'emblée, j'étais persuadée que ce rôle serait intéressant à jouer. Le réalisateur, Bui Thac Chuyen, pensait à une actrice plus âgée et il m'a fallu le convaincre. « Au début, mes rôles étaient stéréotypés, ce qui m'a encouragée à étudier la médecine ». Tourner au Vietnam, le pays de vos parents, était chargé d'émotion pour vous ? Absolument. Tous les jours j'attendais qu'un script arrive du Vietnam… Une histoire particulière entoure de plus, ce scénario : il a été écrit il y a plus de huit ans, issu d'une école, il a été déposé sur le net. Les spectateurs avaient une forte idée du personnage de Câm, et attentaient « Vertiges » avec impatience. Aussi, les avis ont été très partagés entre ceux qui ont retrouvé sur grand écran une densité émotionnelle déjà éprouvée à travers la lecture du script parmi les gens touchés par les thèmes du sacrifice, de la dérive, du vertige. Et Bui Thac Chuyen, comme Phan Dang Di incarnent la nouvelle école du cinéma vietnamien. Un cinéma d'auteur, riche à valeur universelle qui émerge actuellement.