Sanaa Alaoui est l'interprète de Mona, jeune femme marocaine qui quitte Tanger pour l'Allemagne dans La Sirène marocaine . Le téléfilm réalisé par Lars Jessen a été récemment diffusé sur Arte. Entretien sans fard avec la solaire comédienne. Comment est née l'idée de ce La Sirène Marocaine ? C'est une histoire quelque peu improbable, qui a germé à l'esprit de la productrice Kerstin Schmidbauer. Elle a, en effet, découvert que la crevette allemande était décortiquée au Maroc, à Tanger, car la main-d'œuvre y est moins coûteuse et qu'ensuite, elle retournait dans l'assiette des Allemands ! L'environnement qui entoure ce crustacé, comme cette usine où travaillent des femmes marocaines, lui a insufflé l'idée d'une histoire autour de l'humain. Le charme au naturel. Pourquoi s'est-elle tournée vers le réalisateur Lars Jessen ? A-t-il une fascination pour un thème particulier ? Il s'intéresse énormément aux thématiques étrangères, il a réalisé auparavant un long-métrage à propos de la communauté manouche. Il aime les univers colorés, débordants de vie et qui sortent des sentiers battus. L'aviez-vous rencontré avant ce projet ? Non. Je ne le connaissais pas, mais il avait vu mon travail. Je l'ai découvert au moment du casting, que j'ai passé en Allemagne, à Berlin. Lars Jessen, est un réalisateur très compréhensif, qui m'a donné envie de fournir beaucoup d'énergie au fil du tournage. C'est quelqu'un de détendu, il aime rire, il ne se prend pas au sérieux, ce qui ne l'empêche d'être rigoureux. Cela m'a changée des autres plateaux. Que vous a inspiré la lecture du scénario ? L'image d'un arc-en-ciel, traversé de couleurs. Un sentiment positif, qui brosse le portrait de la femme marocaine de façon positive, au Maroc et à l'étranger. Il s'agissait, de plus, d'une comédie, genre qui m'a totalement séduite. Comment avez-vous abordé le personnage de Mona ? Je n'ai eu aucun mal à composer ce rôle : j'étais en présence d'une femme pétrie de caractère mais également remplie de douceur. De nature conciliante et particulièrement compréhensive, elle est pétillante et a de très belles intentions. Elle souhaite travailler, participer à sa nouvelle vie en Allemagne. Ce téléfilm véhicule des aspects louables au sujet de l'immigration en Europe. Mona va vraiment en Allemagne, car le hasard a mis un homme sur son chemin, elle est tombée amoureuse de Hein, (Peter Heinrich Brix). La productrice, Kerstin Schmidbauer a en fait, rencontré au cours de son parcours, une personne approchant la personnalité de Mona. Personne, qui lui a valu de vouloir rendre compte de cette histoire. La Sirène marocaine traite de sujets actuels comme la mondialisation. Est-ce aussi cela qui vous poussée à participer à ce film ? Non, car je fonctionne en général à l'instinct. Ce n'est pas un élément unique qui va me conforter dans mon désir de cinéma, mais la globalité : le scénario, l'histoire, le personnage. Il faut que je tombe amoureuse de mon personnage. Et j'ai été, par conséquent, conquise par celui de Mona. Je conserve un heureux souvenir de ce téléfilm, et je dois reconnaître que le comédien qui incarne Hein, (Peter Heinrich Brix), a été sans aucun doute l'un de mes meilleurs partenaires à l'écran. S'il est d'un naturel réservé, il sait pourtant se montrer d'une véritable exigence. Aviez-vous déjà travailler dans une production allemande ? Non, c'était la première fois. J'ai travaillé la langue allemande avec un coach pendant deux semaines À Hambourg. Puis, j'ai tenu à travailler seule mon texte, une fois sur le tournage. C'est une expérience qui s'est révélée très riche. J'ai plongé dans l'inconnu pour être en totale immersion avec l'Allemagne profonde. Mais c'est une langue qui ne m'était pour autant pas étrangère, mon père a travaillé durant de nombreuses années dans un laboratoire pharmaceutique allemand. Il s'agissait finalement pour moi, d'une suite logique avec laquelle je renouais à travers La Sirène marocaine. Gérer une carrière d'actrice est très difficile. Avoir le pouvoir de choisir ses rôles c'est un grand luxe, mais jouer dans un film, un téléfilm ou une série pour une question alimentaire en sachant à l'avance que ce sera nuisible est tout simplement un suicide artistique. Et c'est ce qui arrive à cette actrice Sanaa Alaoui qui, à l'image de beaucoup d'acteurs et d'actrices dans notre chère France, depuis le début de sa carrière n'a joué que dans des films discrets et ratés. Pourquoi ces choix. Est-ce pour une question d'argent, est-ce par naïveté ou tout simplement parce que nous sommes mal conseillé. Quand on décide de jouer dans un film, on se renseigne sur le réalisateur et Lars Jessens n'a vraiment pas fait de belles choses. A l'image de quelques réalisateurs français, il a fait beaucoup de nanars. Plusieurs comédiennes ont connu des débuts tonitruants, avant de perdre subitement de leur impact. Et l'actrice Sanaa Alaoui, n'a malheureusement pas connu ces débuts. Peu importe le nombre de films tournés, la visibilité d'une comédienne se mesure autrement. Dans la sirène marocaine, Sanaa Alaoui a tout simplement loupé le virage. L'idée du film est excellente, la mondialisation, la délocalisation, la fuite du travail dans des pays du Sud, le profit que réalise des industriels sur le dos de pauvres populations, bref, le sujet était parfait, mais mal traité. Le scénario est loin de convaincre. En regardant le film, on sent que Sanaa a du talent, mais elle a été certainement mal dirigé. Elle aurait pu s'exprimer beaucoup plus, apporter une fraicheur, une spontanéité qui a manqué tant à ce film. Mais, il m'a semblé que le metteur en scène freinait ses envies, elle ne semblait pas à l'aise dans sa robe. Elle était tout simplement mauvaise dans ce téléfilm, ce n'est pas grave, on peut avancer avec cette idée et aller vers le meilleur. Et c'est de sa responsabilité. Il faut que les acteurs et actrices commencent un peu à choisir leurs films. L'enjeu est énorme, il va de leur image. Par Lefevre Alain Critique London