Khansa ne chante plus que des ballades romantiques mais se tourne vers des registres plus sérieux. Dans son nouveau single «You», en duo avec le compositeur français Unia, elle s'insurge contre l'intolérance. Chanteuse à la voix chaude et envoûtante, pétrie de fusion rock et de world music, fille des deux membres éminents du groupe Lemchaheb, mi-métisse orientale aux inflexions arabo-berbères, mi-rockeuse à la sauce british, Khansa Batma est en pleine mue artistique. Connue pour ses chansons aux idylles amoureuses, elle se réinvente et revient au-devant de la scène marocaine avec un single «engagé» en duo avec le compositeur français Unia. Après deux albums et des absences prolongées des scènes marocaines, Khansa a choisi d'opérer un come-back, choisissant d'honorer le Printemps arabe et de chanter contre la différence, « celle qui engendre la peur de l'autre». Revenue des contrées turques où elle est devenue en l'espace de quelques années un talent convoité, sillonnant les scènes musicales et enchaînant les émissions télévisées, elle fait une escale fructueuse dans son pays. Rencontre. Votre nouveau single «You » ou «Enta» sort bientôt au Maroc. Parlez-nous en. La chanson est un duo avec Unia, chanteur, compositeur et arrangeur français, et fera partie de son album. La chanson parle de différence et d'incompréhension et est inspirée de ce qui se passe dans le monde arabe et du mal-être global de la planète. Unia et moi nous exprimons sur la peur de l'autre et la méfiance envers autrui. C'est la différence qui cause tous nos malheurs et au lieu d'en faire une richesse les gens dressent des obstacles. Dans le single, Unia et moi chantons les mêmes paroles, lui en anglais et moi en arabe, comme dans un langage de sourds où deux personnes s'expriment sur la même chose mais différemment sans jamais s'en apercevoir, croyant qu'elles ne sont pas d'accord. Quand je chante, j'ai l'impression de m'adresser à un chef d'Etat, à un dictateur d'où le You ou Enta. « Ce qui se passe autour du moi est plus important que ce qui se passe dans mon cœur ». Vous continuez à faire du rock-fusion, pourtant vous vous détachez du registre romantique qui dominait dans vos albums. Je pense que j'ai grandi, aujourd'hui il y a des choses qui me touchent plus. Ce qui se passe autour du moi est plus important que ce qui se passe dans mon cœur. Le public me connaissait dans le registre chansons d'amour, parce que je chantais mon vécu, mes déceptions et mes expériences, et parallèlement, ceux des femmes marocaines, vu qu'en soi l'amour est un sujet social. On remarque votre absence des scènes et des festivals marocains. Pourquoi vous faites-vous rare ? J'ai un grief contre la façon dont la musique est abordée ici. Au Maroc, rien n'est institutionnalisé ou répertorié. Chacun se proclame ce qu'il veut et se donne le titre qu'il veut, et les médias participent à ce mensonge. Quand le mouvement Nayda a commencé, on a essayé de structurer le marché et la vente des disques, en dialoguant avec les médias, en parlant aux autorités sur l'importance des droits d'auteur, et de la catastrophe du piratage. Voilà pourquoi j'ai décidé d'être honnête avec moi-même et de boycotter la scène. Je ne vois pas de paramètres constructifs qui servent la culture et j'aimerais bien qu'on réfléchisse à une véritable infrastructure. A titre d'exemple, au Maroc les fans ne connaissent pas le plaisir de payer pour un artiste, et ceci ne sert pas la culture. Il faut instaurer des événements payés et des concerts privés au Maroc, pour plus de reconnaissance. L'art n'est pas gratuit. Est-ce pour cette raison que vous vous produisez souvent en Turquie ? Ma présence en Turquie est une coïncidence qui a débuté en 2004. Après des séances photos pour Cacharel tournées au Maroc avec Mohanad, le héros de la série «Nour», j'ai été invitée par le même photographe turc pour tourner la suite des photos en Turquie. Puis les propositions se sont enchaînées et, à la demande du photographe qui est aussi animateur d'un talk- show à succès sur la chaîne Kanal D, j'ai commencé à travailler pour la télévision. J'ai tourné plusieurs capsules dans le cadre de son talk -show Zaga, et j'ai aussi participé à la musique du générique d'autres émissions qui se sont suivies. J'ai également appris le turc et interprété plusieurs chansons en turc, dont certaines à la sauce marocaine. Là-bas, je m'éclate artistiquement, et j'ai eu la chance de rencontrer des artistes talentueux et d'apprécier leur culture. Y a- t-il un album qui suivra votre single «You» ? Oui il y aura un album, mais je ne peux en dire plus, pas avant qu'il se concrétise. Aucun article en relation ! Tu es et tu resteras l'artiste la plus sincère, la plu talentueuse, la plus crédible et la plus prometteuse de toute cette génération. Merci pour être ce que tu es Mlle Khansa.Dieu merci que dans notre culturelle il y a des artistes aussi intègre que toi. Une belle découverte et une bonne fane!