En dépit de l'adoption d'une loi prévoyant des peines de prison et des amendes à l'encontre des fauteurs de troubles, les actes de violence se sont multipliés avant même le coup d'envoi de la saison. Un phénomène qui inquiète les acteurs sportifs, dirigeants, joueurs, techniciens mais aussi les autorités locales. Marches de protestations , sit-in, slogans terrifiants à l'encontre des comités en place, actes de violence contre les installations sportives, agressions physiques de joueurs ou d'entraîneurs, autant d'actes qui, aujourd'hui, font peur. Une escalade qui s'étend à toutes les disciplines et dans tous les stades. Les hooligans n'épargnent personne et détruisent tout sur leur passage même quand leur équipe remporte un match. Et pourtant, pour faire face à ce phénomène de plus en plus inquiétant , une loi prévoyant des peines de prison ferme et des amendes à l'encontre des auteurs de violence dans les stades au Maroc a été adoptée par le Parlement. « Les peines prévues par cette loi vont d'un à cinq ans de prison et des amendes allant jusqu'à 10 000 dirhams », avait précisé le ministre de la Justice Mohamed Naciri, devant les députés. Les incidents violents provoqués par des supporters sont fréquents. « Ce texte vise à combler certaines failles de l'arsenal juridique concernant cette violence, qui commence dans les stades et s'étend le plus souvent après les matches, dans la rue », avait ajouté le ministre. Avant même que le championnat professionnel ne débute, les actes de violences se sont multipliés et les derniers en date ont visé le WAC et le Raja son voisin. En effet, deux joueurs wydadis Saïd Fettah, ancien du Raja, et Patrice Ondoma ont été agressés par des supporters des Verts qui les ont soulagés de leurs portables et leurs lunettes. Pire, la voiture de l'entraîneur des Rouges, Michel de Castel, a été entièrement saccagée par des énergumènes se disant supporters du Raja. En représailles, leurs homologues du WAC ont fait le chemin inverse et ont commis quelques actes délictuels contre les installations du Raja. « Jamais les deux formations ne sont arrivées à de telles extrémités, avoue un dirigeant wydadi. Bien au contraire, les comités des deux clubs se sont souvent associés pour défendre leurs intérêts que ce soit au niveau local ou au niveau fédéral. Aujourd'hui, nous assistons à des phénomènes dangereux qui ternissent le football national. » Souvent ce sont les clubs qui en pâtissent car ces actes de violence sont réprimés par les fédérations qui sanctionnent les équipes par des huis clos comme ce fut le cas l'an dernier pour le WAC et le Chabab Al Hoceima qui ont écopé chacun de deux matches sans public, pour le KACM face au WAC où 40 personnes avaient été blessées. La commission de discipline avait décidé de priver le Kawkab de son public pour quatre matches. Du coup, c'est la trésorerie du club qui en souffre. Malgré les multiples arrestations et les condamnations, rien n'arrête «l'œuvre» des fauteurs de troubles. Cette recrudescence de la violence inquiète également les joueurs qui vivent dans la psychose. « On a du mal à nous entraîner dans la sérénité», avouent des joueurs du Raja de Casablanca, en raison justement des menaces que nous recevons de la part de certains supporters. Nous ne savons pas comment nous allons quitter le stade après les entraînements. Nous subissons une pression énorme lors des matches, ce qui nous empêche ne nous mettre en évidence. C'est effrayant ! » On se rappelle des actes de violence qui avaient frappé le tout nouveau Grand stade de Marrakech après le match KACM-OCS ou lors de l'inauguration du Stade de Tanger entre le Raja de Casablanca et l'Atletico de Madrid. Des images qui ont fait le tour du monde et qui ont porté préjudice au football national. Des dégâts importants avaient été causés par des supporters indélicats. Ce qui doit être un beau spectacle se transforme, le plus souvent, en cauchemar dans le stade. « Moi, cela fait des années que je ne mets plus les pieds dans un stade, reconnaît un ancien joueur, en raison justement des actes de violence et des gros mots proférés par des personnes qui n'ont pas leur place dans un stade.» Un aveu partagé par des milliers de mordus du football qui préfèrent suivre les rencontres à la télé. Que faire alors ? Engager une réflexion sur la question ? Multiplier les arrestations et les procès pour donner l'exemple ? Limiter l'entrée des stades aux récidivistes? Ou déployer toutes ces actions à la fois. Le débat est ouvert. C'est vraiment honteux pour le football marocain . Il faut passer à l'étage supérieur . Multiplier les identifications des personnes qui vont dans les stades pour exprimer leur mal être et les interdire et sanctionner.