Six membres d'une même famille ont été gravement brûlés suite à l'explosion d'une bonbonne de gaz butane. Un incident qui remet en cause le système de sécurité de ces bonbonnes, qui continuent à tuer sans qu'on ne lève le petit doigt. La petite bonbonne de gaz continue de faire des victimes au Maroc. Vendredi dernier, six membres d'une même famille, habitant le quartier de Sidi Maârouf à Casablanca, ont été brûlés, suite à une explosion d'une bonbonne de gaz butane. Le père, la mère et leurs quatre enfants. Leur état de santé est grave… voire très critique. Ils risquent la mort à tout moment. Sur leurs lits au service de chirurgie réparatrice et des brûlés du Centre hospitalier universitaire Ibn Rochd, ils se battent contre la douleur et la mort. Cet incident tragique, qui a laissé en émoi les voisins des victimes, s'est produit 15 minutes avant la rupture du jeûne, confie une proche des victimes, la voix étranglée par le chagrin. «On ne pas sait comment les choses se sont passées. Ils étaient seuls à la maison. Ce sont les voisins qui nous ont alertés. C'est la catastrophe », poursuit-elle, retenant ses larmes avec peine. Les victimes devront passer de 3 à 6 mois au service de chirurgie réparatrice et des brûlés de CHU de Casablanca. Ce sont plus de 20 millions de bonbonnes de gaz de 3 kg qui sont en circulation sur le marché national. Un chiffre qui donne à réfléchir sur l'ampleur de la problématique. Si l'un des membres de la famille survit, les séquelles de cette tragédie l'accompagneront durant toute sa vie. Au- delà de l'esthétique, les répercutions psychologiques sont plus importantes. Selon El Hassan Boukrid, chef de service des brûlés au CHU de Casablanca, les accidents liés à la bonbonne de gaz butane sont très fréquents. « Notre service reçoit près d'une à deux familles par mois. Ce genre d'incident est très fréquent dans les locaux commerciaux», indique ce professionnel de la santé. Et de poursuivre : « Il est connu que le système de sécurité de la petite bonbonne est défaillant. Cependant, on continue à la commercialiser sans aucun respect des normes de sécurité que ce soit au niveau de leur transport ou de la vente dans les commerces». La petite bonbonne est largement utilisée notamment par les familles démunies. Des bonbonnes entassées à l'entrée des petits commerces font même partie du paysage urbain. Ce sont plus de 20 millions de bonbonnes de gaz de 3 kg qui sont en circulation sur le marché national. Un chiffre qui donne à réfléchir sur l'ampleur de la problématique. « Nous avons depuis plusieurs années attiré l'attention des responsables sur cette problématique pour trouver une solution. Nous avons organisé des séminaires à ce sujet notamment pour sensibiliser les citoyens. Le législateur doit contraindre par la force de la loi les entreprises fabricantes à respecter les normes de sécurité. La vie des citoyens en dépend », martèle El Hassan Boukrid. De son côté, l'Association de protection du consommateur, Uniconso, dénonce la mise en circulation des bonbonnes dont la « date de vie est largement dépassée ». Son président pointe du doigt les services de contrôle. « Le récipient métallique destiné à contenir du gaz a une date de validité. Une bonbonne périmée doit être mise hors circulation», dénonce-t-il. Suite à plusieurs réclamations des citoyens sur la défaillance des robinets de certaines bonbonnes de gaz butane, l'Association de protection du consommateur, Uniconso, a tenté d'approcher les administrations concernées. Selon son président, Ouadi Madih, c'est un véritable labyrinthe. « Il y a plusieurs intervenants dans la chaîne, ajoute cet acteur associatif, dont le ministère de l'Industrie et du Commerce, le département de l'Energie et des Mines. Quand je m'adresse à une administration, on me répond que cela ne relève pas de leurs compétences. Finalement, je suis perdu et je ne sais plus où donner de la tête». Autant dire que nous ne sommes pas encore sortis de l'auberge.