Le renouvellement des listes électorales était, vendredi, au cœur des débats entre le ministère de l'Intérieur et les partis politiques. Principale nouveauté : l'entrée en jeu des juges. Edifiant. Les discussions ont porté essentiellement sur le renouvellement des listes électorales et non sur l'établissement de nouvelles listes, comme revendiqué par certaines structures partisanes. Au cours de cette réunion, le département de Taïb Cherkaoui a présenté les grandes lignes de ce projet, sachant que les formations devaient en recevoir, samedi et dimanche, une copie. La grande nouveauté du texte est l'attribution de la présidence de la Commission administrative chargée de cette mission au niveau local à un juge. Une première au Maroc. Egalement une rupture en soi avec des pratiques qui ont prévalu pendant des années. Auparavant, ladite commission était entre les mains du président de la commune. Ce choix, où cette concession du ministère, pourrait calmer certains responsables de partis qui craignaient une mainmise des présidents de communes et d'arrondissements sur le déroulement de cette opération. Lahcen Daoudi en fait d'ailleurs partie. Le secrétaire général-adjoint du Parti de la justice et du développement a même fait, le mois dernier, campagne dans les colonnes d'Attajdid, pour l'organisation des élections communales avant les législatives. La grande nouveauté du texte est l'attribution de la présidence de la Commission administrative chargée de cette mission, au niveau local, à un juge et non pas au président de la commune. Une chose est sûre : le renouvellement des listes électorales obéit au facteur temps. L'échéance du 7 octobre pour la tenue de législatives anticipées impose son propre agenda, et la cadence plutôt élevée qui va avec. Mais auparavant, une opération d'assainissement s'avère nécessaire. Une action qui se fera par « un profond toilettage des listes. Le rôle des moyens technologiques est hautement décisif dans la réussite de cette mission », explique au Soir échos, Mohamed Labied, secrétaire général de l'Union constitutionnelle. A la question de savoir si toute cette opération s'articulera essentiellement autour de la CIN (carte d'identité nationale), notre interlocuteur répond par la négative. « Renouveler les listes électorales à partir de la CIN équivaudrait à inclure, dans ces mêmes listes, des Marocains qui n'ont pas le droit de voter. Je pense notamment aux membres et agents de l'armée, de la police et des forces auxiliaires ». Une fois cette opération établie, sous la présidence d'un magistrat, « les partis auront un droit de regard, de même que le reste des Marocains, au cas où il y aurait des recours ou des omissions de certaines personnes », poursuit Mohamed Labied. Une source présente à la réunion du vendredi nous confie que le ministère de l'Intérieur a incité les partis qui n'ont pas encore présenté leurs réponses sur la loi organique du Parlement à faire vite. Quant au projet de loi sur les partis, il sera, sans aucun doute, adopté lors de la prochaine réunion du conseil de gouvernement comme ce fut le cas, mardi dernier, avec « l'observation des élections », soit tout le dispositif organisant le rôle de contrôle que partis et ONG sont appelés à jouer dans le suivi du prochain rendez-vous électoral. On remarquera au passage la volonté manifeste du département de Taïb Cherkaoui d'accélerer le rythme des rencontres avec les partis politique. A cet effet, une réunion est prévue mardi ou mercredi, entre les deux parties afin que les formations puissent donner leurs dernières remarques sur le renouvellement des listes électorales. Il faut dire qu'il y a urgence. Décider que les élections auront bien lieu le 7 octobre suppose que cette date doit être officialisée et annoncée cette semaine. Et pour cause, le délai de 45 jours de campagne électorale dont les partis doivent bénéficier pour faire valoir leurs thèses et arguments. C'est dire que ce n'est jamais trop tôt pour bien faire.