Barry endosse un costume hip hop, mêlé de rock et de reggae, et arbore une casquette de militant qui lui sied si bien. Il a chanté au festival de Casablanca vendredi, dégainant des paroles admirables. Vous êtes connu pour ne pas mâcher vos mots, et vous évoquez des sujets critiques. Parlez-nous de votre musique engagée. Le Maroc me tient à cœur et je veux qu'il avance. Je parle des sujets qui touchent le peuple marocain, et je chante pour que ce pays soit sur la bonne voie. Je veux que les Marocains travaillent entre eux pour changer leurs mentalités, pour plus de tolérance, plus de respect et moins de trivialité. Si on veut un pays en bonne santé il faut qu'on arrête de jeter nos poubelles dans la rue, et de griller les feux et de se manquer de respect. Il faut augmenter impérativement la scolarisation et booster les secteurs de base comme le juridique et la santé. Tout ceci est au cœur de mes préoccupations et je crois que dans 5 à 6 ans, on y arrivera. Vous avez 300 concerts locaux et internationaux à votre actif. Avez-vous déjà eu des démêlés avec la police ? Oui, il y a eu des accrochages avec la police, et l'épisode le plus mémorable était celui à Essaouira en 2009. J'étais sur scène et je chantais la chanson «Police» qui est une critique acerbe des débordements des policiers marocains. La police voulait arrêter le show et c'est l'intervention des organisateurs du festival qui a rétabli l'ordre. C'était la première fois que la police intervenait à un des mes concerts. La même année à Fès, j'ai eu droit au même traitement mais cette fois-ci j'ai discuté avec eux, expliquant que je ne m'en prenais qu'aux éléments perturbateurs de la police, ceux qui ne faisaient pas proprement leur boulot. Je suis prêt à payer les conséquences sinon nous n'avancerons jamais. «La plupart des rappeurs commencent leurs phrases par “ moi” et ce n'est pas du rap, c'est plutôt de l'égoïsme». Vous êtes né à Hay Mohammadi. Que vous a apporté ce quartier truffé d'artistes ? Hay Mohammadi c'est un apport musical énorme. J'ai grandi parmi de grands artistes comme Nass El Ghiwane, son batteur Bou Jmï, Larbi Batma et je m'imprégnais de leurs sons. Mais chez moi ,on n'écoutait pas que de la musique traditionnelle, mes parents écoutaient des chanteurs américains comme Barry White, Otis Redding, James Brown et c'est ce qui m'a poussé à m'initier au rap et à la musique occidentale. Je me suis imprégné du smurf et du break dance assez tôt et j'ai initié le groupe rap «Casa Muslim» en 1993 à l'époque où il n'y avait aucun groupe rap dans les pays voisins, voire en Algérie ou en Tunisie ou dans le monde arabe. Nous étions les premiers et j'avais 13 ans. Puis il y a eu «Barry and the Survivors» qui a évolué aujourd'hui vers «Barry» . Comment vous différenciez-vous des autres rappeurs ? J'aime les thèmes bien travaillés, la poésie selon les règles de l'art et le lyrisme bien ficelé. La plupart des rappeurs commencent leurs phrases par «moi» et ce n'est pas du rap, c'est plutôt de l'égoïsme. Le rap c'est au service de la société et ça implique des thèmes percutants. Ce genre de musique, dans sa majorité, n'est pas assez original au Maroc, vu que c'est un copier-coller de la musique américaine, et comme nous n'avons pas les moyens qu'ils ont, le résultat est chancelant et le mastering faiblard. Il serait intéressant de se rapprocher plus de la musique traditionnelle, et d'exploiter les rythmes marocains très proches du hip hop. C'est ce que nous faisons avec «Barry», nous mixons instruments traditionnels dont guenbri, mandoline et banjo avec les sonorités modernes. Notre musique a évolué du hip hop pur, au rock-hip hop jusqu'à la fusion hip-hop reggae. Vous avez sorti deux albums dont le dernier en 2009 «Siba» aux rythmes fusion et hip hop. Quels sont vos nouveaux projets ? Je prépare un nouvel album qui sortira en fin d'année. Dans cet album, je m'adresse au peuple, pas au gouvernement, et je parle des problèmes entre Marocains et de leur façon d'aborder incorrectement les choses. L'album est un brassage entre hip hop rock-fusion et musique traditionnelle comme du temps de Barry and the Survivors. Ce groupe qui n'a duré que deux ans n'avait rien enregistré en studio et j'ai voulu ressusciter la musique que je jouais à l'époque, au détriment de mes influences reggae. De plus, je travaille actuellement sur un documentaire sur Hay Mohammadi et sur les années de plomb dans le cadre d'une initiative de l'Union européenne. Et vos prochains concerts ? Nous avons chanté récemment en Tunisie avant le festival de Casablanca, et c'était une expérience particulière. Nous allons nous produire après le Ramadan en Egypte et nous partons également pour une tournée en Espagne. aucun groupe de rap en algerie en 1993? qu'il s'informe un peu ce monsieur. 1993: formation du groupe de rap très célèbre en algérie MBS!