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Yémen, techno-tribal
Publié dans Le Soir Echos le 20 - 07 - 2011

La dictature soulage la mémoire. Pendant quarante ans, quelques noms propres, Assad, Moubarak, Kadhafi, suffisaient à faire de vous un spécialiste du Moyen-Orient. Chaque pays en était réduit à un visage. Prenez le Yémen. Pour nous, c'était Ali Abdallah Saleh.
Désormais le public devrait compter également avec Hamid al Ahmar. Le public marocain surtout. Car le Yémen a beaucoup à lui apprendre. Les voyageurs avaient déjà noté l'étrange similitude entre les deux pays, aux deux bouts du monde arabe : l'architecture des forteresses yéménites et des ksours marocains, l'association entre la montagne et le désert… On pourra ajouter la généalogie de plusieurs tribus marocaines se réclamant d'une source yéménite, authentique ou imaginaire, le rôle des familles idrissides dans les deux pays…
Le Yémen, surtout, a, comme le Maroc, le redoutable privilège d'être un pays sociologiquement déchiré : maritime et en même temps refermé sur lui-même, très tôt convoité par l'étranger, et jamais complétement ouvert, anciennement urbanisé et profondément tribal. Fin 1961, le pays connut une révolution qui mit à bas l'Imam et tenta d'installer une république de type nassérien. Depuis, le pays vit en situation de guerre civile, avérée ou virtuelle. Elle est due à cette tension entre des structures encore traditionnelles et la tentation du modernisme politique aveugle. On fit la révolution pour faire comme l'Egypte, on fit la république socialiste du Yémen du Sud pour faire comme l'URSS, on fit la politique comme on fait la mode, par saisons. La société, bien sûr, ne suivit pas, et le décalage entre l'utopisme politique et la réalité sociale fut comblé par la violence.
La durée du règne d'Ali Abdallah Saleh doit à sa capacité à concilier les relations tribales et les structures militaires et partisanes. Il joua sur les deux fronts, leader de parti à prétention hégémonique et chef clanique. Hamid al Ahmar va probablement remplacer Abdallah Saleh, en tout cas, il fera tout pour. L'ère du parti unique est morte, pas celle du chef clanique. Hamid al Ahmar est membre de la puissante confédération tribale des Hached. Voilà pour le clan. Quant au parti, il va probablement le remplacer par un vaste et complexe réseau de concussions affairistes. Car Al Ahmar est à la tête d'un omnium de transports, de télécommunications et de BTP qui en fait le premier milliardaire de de ce pays très pauvre. Que le Yémen devienne un mélange de Mauritanie et de Liban, mosaïque tribale miséreuse et confluent de milliards de dollars, enjeu stratégique mondial et cul-de-sac du développement humain, cela serait dans la logique de son histoire contemporaine. Trop proche du cœur moderniste du monde arabe pour faire bande à part, trop archaïque pour en faire son profit, le Yémen fut tribal-soviétique pendant un demi-siècle, il est probable qu'il soit désormais techno-tribal pour quelques décennies. Des penseurs allemands contemporains du nazisme parlèrent de « désarticulation » pour expliquer l'étrange association d'une économie industrielle moderne et d'une structure sociale féodale : ils voyaient dans les vitesses différentes de l'économie et de la société allemandes la source de la tragédie de leur pays. Cette « désarticulation » est courante dans certains pays arabes, particulièrement le Liban, le Yémen, le Maroc. La loi du clan et du capitalisme international, le libéralisme politique et la vendetta, l'analphabétisme généralisé et les grandes universités américaines, voilà quelques réalités contrastées qu'on peut trouver dans ces pays, mais plus rarement en Algérie, en Tunisie ou en Syrie, où les « vitesses » sociale, économique, politique, sont plus coordonnées. L'entrée du Maroc dans le club des pays « désarticulés » se fit avec Lyautey, qui voulut en faire, en même temps, la Californie de la France et un Saint-empire médiéval ; celle du Yémen avec la révolution de décembre 1961.
La désarticulation produit des phénomènes politiques intéressants et monstrueux : après Ali Abdallah Saleh, camarade de parti et cheikh tribal, l'ère de Hamid al Ahmar, magnat des télécommunications et non moins cheikh tribal, vient peut-être de commencer


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