Le candidat de la gauche péruvienne, Ollanta Humala, est en tête des résultats du second tour du scrutin présidentiel. Il va certes hériter d'un pays en bonne santé économique, mais il aura toutefois fort à faire pour redonner de l'espoir aux Péruviens. Les péruviens ont massivement voté pour le candidat de gauche Ollanta Humala lors du second tour de l'élection présidentielle ce dimanche. Avec 79 % des suffrages décomptés, cet ex-militaire obtient 50,5 % des voix contre 49,5 % pour son adversaire Keiko Fujimori. Le dépouillement se poursuivait encore jusqu'à lundi matin et les résultats définitifs devraient être connus dans les jours à venir. Mais sauf coup de théâtre, Ollanta Humala devrait prendre un large avantage sur sa rivale, puisque le reste du dépouillement ne concerne que des zones qui lui sont très favorables. « Nous avons gagné les élections » a déclaré le probable nouveau chef d'Etat, qui a déjà promis « un gouvernement de concertation nationale ». De son côté, Keiko Fujimori, fille de l'ancien président autoritaire Alberto Fujimori, a affirmé qu'elle serait la première à reconnaître la victoire de son adversaire à l'annonce des résultats officiels par la commission électorale. Cette victoire ne représente pourtant que la première étape d'un long périple, car le parti du futur président, Gana Pérou, ne dispose pas de la majorité au congrès. Il lui faudra alors négocier, sachant qu'en plus, les défis à relever sont nombreux. Le Pérou est marqué par des disparités sociales qui n'ont fait qu'exacerber les divisions au sein de la population depuis plusieurs décennies et même si le nouveau président hérite d'un pays en bonne santé économique, il n'en demeure pas moins qu'il lui faudra prouver qu'il mérite son fauteuil, en réalisant « le changement » qu'il a promis aux péruviens lors de la campagne électorale. « Pourvu qu'il tienne ses promesses, sinon, il pourrait y avoir des soulèvements » a prévenu Liliana Cruz, qui a voté pour le candidat socialiste. Ollanta Humala représente l'espoir des marginalisés de la croissance économique (5 % par an) qu'a connue le Pérou ces dix dernières années. « C'est excellent que le peuple sorte enfin de cette léthargie » s'est enthousiasmé Mario, un habitant de Lima. « Je renouvelle mon engagement d'une croissance économique avec intégration sociale » a rassuré le futur chef d'Etat devant ses partisans réunis à Lima, la capitale, pour célébrer leur victoire. La redistribution des richesses sera son premier dossier, car le Pérou est riche mais nombre de Péruviens vivent encore sous le seuil de pauvreté, notamment les populations d'origine indienne d'où est issu Ollanta Humala. A cela s'ajoutent la lutte contre la corruption et la réforme d'une justice jugée « trop politisée ». Aussi, le futur chef d'Etat devra-t-il favoriser la création d'emplois pour redonner de l'espoir à la jeunesse péruvienne. Le système éducatif nécessite également des réformes. Sur le plan économique, il devra maintenir la croissance du pays pour attirer les investisseurs étrangers. De même, le nouveau président socialiste doit envisager des alternatives au modèle économique néolibéral, qui est selon des analystes, la cause des inégalités sociales. Rappelons que la victoire du candidat socialiste Ollanta Humala marque le retour de la gauche au pouvoir dans ce pays d'Amérique latine. Somani Roland Amoussou