Jacob Zuma, président sud-africain mandaté par l'Union africaine, a tenté de négocier avec le colonel Kadhafi une issue au conflit libyen. Récit d'une mission délicate. Jacob Zuma s'est attelé depuis lundi à la dure tâche de négocier avec le colonel Kadhafi. Une mission des plus délicates pour le président Sud-Africain, mandaté par l'Union Africaine. Muammar Kadhafi a déjà fait bien des promesses de cessez-le-feu sans qu'aucun acte concret ne suive ses déclarations. Encore une fois, le colonel a dit accepter cette option. Dans la nuit de lundi à mardi, Jacob Zuma a affirmé que Kadhafi était « prêt à mettre en oeuvre la feuille de route de l'UA », dont le cessez-le-feu constitue la première étape majeure. Dans le plan de l'UA ? Le cessez-le-feu inclut « toutes les parties », ce qui implique donc l'arrêt des raids de l'Otan. Une option qui n'est guère envisageable pour l'Alliance atlantique, qui l'avait clairement rejetée en avril dernier. En bref, la visite de Jacob Zuma n'a débouché sur aucun accord de paix. Dans un tel contexte, où va la mission de négociation ? La feuille de route aura beau être adoptée par Kadhafi, si l'Otan n'entend pas lui donner son appui, le conflit n'est pas prêt d'être résolu. De toute manière, pour l'opposition et l'Otan, la porte de sortie est claire : le départ du colonel est la solution au conflit. La visite de Jacob Zuma a été l'occasion pour le colonel de se montrer à la télévision nationale. Une première depuis près de trois semaines, mettant ainsi fin aux nombreuses rumeurs sur son départ de Tripoli. Selon Hillary Clinton, chef de la diplomatie américaine, sa femme et sa fille se seraient réfugiées en Tunisie. Une information démentie par Tunis. « Le règne de la terreur de Kadhafi touche à sa fin », a martelé lundi Anders Fogh Rasmussen, secrétaire général de l'Alliance atlantique, toujours aussi optimiste sur l'objectif final de la mission. Dans de telles conditions, on peut légitimement s'interroger sur la marge de manoeuvre qui existe encore pour une quelconque négociation avec le colonel Kadhafi. Du côté de l'Union Africaine, la chute de Kadhafi inquiète plus d'un pays du continent noir, qui craignent des retombées économiques. En effet, les investissements et acquisitions du régime libyen en Afrique ont créé une large réseau d'appuis et de soutiens entre Kadhafi et ses homologues africains. Seuls le Sénégal et la Gambie ont pour l'instant reconnu la légitimité du Conseil National de transition. Céline Girard