Les féministes du monde arabe se sont donné rendez-vous, vendredi dernier à Rabat, pour brandir à nouveau leur revendication première : la parité. Une revendication qui n'est pas à l'ordre du jour du Mouvement 20 février. Les féministes du monde arabe se sont donné rendez-vous, vendredi dernier à Rabat, pour brandir à nouveau leur revendication première : la parité. Une revendication qui n'est pas à l'ordre du jour du Mouvement 20 février. Pas question de retourner à la case zéro ! Les militantes et fondatrices du mouvement féminin venues de Tunisie, d'Egypte, de Syrie, du Liban et du Maroc, ne veulent pas que le Printemps arabe se retourne contre elles. « Une fois l'euphorie de la révolution passée, des voix se sont élevées pour contester les acquis des femmes, les appelant à retourner au foyer (…) On nous a même appelé : les filles de Leïla Ben Ali ! », s'indigne Hafida Chekkir, professeur de droit à l'Université de Tunis, fervente militante des droits humains et une des fondatrices de l'Association tunisienne des femmes démocrates. En Egypte, la révolte du 25 janvier semble aussi avoir relégué les femmes à leur fonction de ménagères en les éloignant complètement des instances de réforme de la Constitution. Les Egyptiennes ont dû envahir massivement la place Tahrir, le 8 mars dernier, pour crier leur colère. « Lors des manifestations, nous avons été surprises de trouver des slogans appelant, par exemple, à l'abolition du code de la famille actuel». Jamila Garmouma, présidente de la Fédération de la ligue démocratique des droits de la femme. Ces transitions nourries au départ de la soif démocratique dans le monde arabe ne devraient pas dévier leur trajectoire en ce moment si crucial. C'est pour le rappeler et souligner la nécessité d'en faire profiter la femme que l'Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) a réuni, vendredi 20 mai à Rabat, en partenariat avec la Coalition régionale « Egalité sans réserve », ces femmes autour d'un séminaire. «Les droits de la femme n'ont pas été non plus la priorité du Mouvement du 20 février. Les jeunes, à l'origine de ce mouvement, ne connaissaient absolument rien des revendications de la femme ni du mouvement féminin », constate Jamila Garmouma, présidente de la Fédération de la ligue démocratique des droits de la femme (FLDDF). Plus qu'un oubli, ce Mouvement du 20 février risque de remettre en question les acquis des femmes. «Lors des manifestations, nous avons été surprises de trouver des slogans appelant, par exemple, à l'abolition du code de la famille actuel. Ce mouvement est exploité par les islamistes qui sont les plus nombreux à participer aux manifestations», ajoute cette militante avant de préciser que les féministes tentent, à présent, de remédier à la situation. « En tant que féministes et associations, nous avons invité ces jeunes initiateurs du Mouvement à nos débats afin de les sensibiliser et de les informer pour qu'ils intègrent à leur revendication l'égalité homme-femme », indique la présidente de la FLDDF. L'ADFM a fait de cette revendication d'égalité l'objet de son mémorandum, remis à la commission consultative pour la révision de la Constitution. « Nous avons déposé une première copie de notre mémorandum le 11 avril et une deuxième version finalisée quelques jours après. Nous l'avons axée sur quatre points : l'égalité, la non-discrimination, les droits civils et la parité », explique la présidente nationale de l'ADFM, Nabia Haddouch. Cette réunion régionale devait donc partager ce travail avec les femmes du monde arabe. « Nous voulions savoir quelle place avait l'agenda de l'égalité et de la parité dans les autres gouvernements. La Coalition régionale « Egalité sans réserve » aura à relever deux défis : les réformes constitutionnelles en chantier dans les différents pays arabes et trouver la meilleure voie de faire aboutir la parité. Le Maroc, même avec son expérience, n'a toujours pas réussi cette parité », remarque Nabia Haddouch. De 127 à 3 428 conseillères communales, le Maroc a fait un saut de 0,5 % à 12,38 %, mais la parité et l'égalité équivaut à 50/50. En attendant, la ministre du développement social, Nouzha Skalli, annonce que le gouvernement a adopté un plan d'action pour l'égalité des sexes. D'ici 2015, ce plan devra institutionnaliser les mécanismes garantissant aux femmes l'accès au tiers des mandats et des fonctions électives. «Nous ne voulons pas grand-chose, juste la liberté, la dignité et l'égalité ! », conclut Amina Lemrini, cofondatrice et ancienne présidente de l'ADFM.