Un même horizon lourd et métallique pesa sur les Arabes de la première décennie de ce siècle : on ne pouvait penser ou agir sans prendre position sur le 11 septembre 2001, dont l'ombre marquait d'un sceau de culpabilité toute résistance à l'ordre arabe en place. Que la deuxième décennie débute par des soulèvements unanimes n'est pas anodin, et c'est désormais une nouvelle tâche de pensée, plus joyeuse, qui s'impose. On laissera à l'avenir le soin de méditer la similarité entre deux incendies sacrificiels : le 11 septembre 2001, dix-neuf Arabes allumaient un bûcher au cœur de l'empire mondial, dont les résultats furent destructifs et stériles ; le 17 décembre 2010, dans la périphérie d'une périphérie du monde, un jeune anonyme s'embrasait à mort et tout un monde prenait feu de joie. Génération 2011.