Les jours de José Luis Rodriguez Zapatero à la Moncloa sont-ils comptés ? C'est El Pais, le fleuron du groupe de presse Prisa, pourtant catalogué comme proche des socialistes, qui le laisse entendre. Dans une chronique au titre de «Zombi», au demeurant très révélateur des sentiments de la perte de confiance des socialistes à l'égard du chef de l'exécutif, son auteur détaille ce qu'il qualifie de «cinq graves erreurs» de Zapatero. Le Maroc y figure en pôle position : «La crise marocaine au Sahara a davantage fragilisé la position de notre pays sur la scène internationale». Cette attaque frontale contre Zapatero n'est que l'écho de manœuvres qui se préparent, annonçant des changements à la tête de l'appareil du PSOE. Le Soir échos, dans son édition du 2 décembre (voir www.lesoir-echos.com), avait signalé ce «bruit de coulisses», soulignant que les socialistes pourraient sacrifier Zapatero sur l'autel des intérêts du parti pour se maintenir au pouvoir au-delà de 2012. Son successeur ne serait que Perez Rubalcaba, l'actuel ministre de l'Intérieur, la figure montante au sein du PSOE, dont la position au sein du gouvernement a été nettement réconfortée notamment depuis le remaniement ministériel du 8 octobre dernier. Désormais, Zapatero ne fait plus l'unanimité autour de lui. Le premier coup de semonce a été donné lors de la présentation des députés socialistes à la Chambre basse du Parlement, une motion appelant le gouvernement de ce même Zapatero à condamner le Maroc suite au démantèlement du camp de Gdeim Izik, le 8 novembre à Laâyoune. Une motion qui s'apparentait à une fronde vis-à-vis de l'exécutif, bien entendu adoptée à la majorité absolue des élus. Pour mémoire, seul un parti républicain catalan (ERC) a préféré jouer la carte de l'abstention. Il n'y a pas que la crise marocaine qui a amené l'auteur de la chronique à traiter le gouvernement de Zapatero de « zombie » mais il y a également des données de la politique locale justifiant l'appel à un changement à la tête du PSOE. La perte de la Catalogne en est une. Lors d'un scrutin régional, les socialistes ont cédé la Generalitat à la droite nationalité de Convergencia et Union d'Artur Mass. Une chute libre dont l'onde de choc s'est fait ressentir à la Moncloa. Revenant à l'offensive sur les colonnes d'El Pais contre la politique marocaine du gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero, il y a lieu de noter qu'elle est parfaitement sur la même longueur d'onde que la prose de l'opposition du Parti Popular de Mariano Rajoy. Un fait qui confirme, si besoin est, que gauche et droite ont érigé le Maroc en une carte électoraliste. A une exception près : sur ce point, la droite du PP a une longueur d'avance sur les socialistes. Depuis sa défaite aux élections législatives du 14 mars 2004, le Parti Popular a fait de sa politique anti-Maroc un des axes majeurs de sa stratégie de communication. Seul un retour de la droite à la Moncloa pourrait, dans une moindre mesure, amener son establishment à nuancer sa politique à l'égard du Maroc.