L'Unicef vient de publier un rapport sur la situation des enfants au Maroc. Cinq années avant l'échéance fixée pour relever le défi des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), la situation des enfants au Maroc laisse toujours à désirer. Preuve en est, le dernier rapport publié par l'Unicef à l'occasion de la Journée mondiale des droits de l'enfant, célébrée le 20 novembre. Au volet de la santé et de la protection de l'enfant, le bilan n'a rien de réjouissant. L'Unicef attire en outre l'attention sur un état des lieux plutôt alarmant : 170.000 enfants de 7 à 15 ans exploités économiquement et, chaque année, 6.500 bébés abandonnés à la naissance et 10% d'enfants des rues en plus. Et ces chiffres ne représentent que la partie visible de l'iceberg, car, selon l'Unicef, des études approfondies sont encore nécessaires pour mieux évaluer l'ampleur du problème. En attendant, il faudra, d'abord, combler le peu d'informations dont on dispose. Toutefois, à cette lacune tentera de remédier le plan d'action engagé actuellement par le Maroc afin de mieux cibler et ajuster ses objectifs. Et avec le Conseil consultatif des droits de l'Homme, l'Unicef a établi un partenariat, il y a un an, afin d'examiner les plaintes des enfants victimes de violences. Ces perspectives auront certainement besoin de temps mais surtout de volonté politique pour aboutir à une concrétisation. L'Unicef fait en effet remarquer, dans son rapport, que de nombreuses lois ont été votées au cours des cinq dernières années sauf qu'elles sont restées inactives faute de décrets d'application. Le législateur semble omettre l'enfant, à la grande déception de l'Unicef qui cite pour exemple d'inapplication de la loi : les mauvais traitements des enfants acceptés, pratiqués et non condamnés, leur exploitation sexuelle et la migration de mineurs non accompagnés… «De nombreux articles du code pénal sont aujourd'hui inadaptés face aux engagements internationaux du Maroc», souligne l'Unicef. Et de regretter que «la réponse opérationnelle des différents acteurs est également fragmentée, souvent inactive à cause du manque de moyens humains et financiers». Quant à la santé et à la nutrition de l'enfant, la situation n'est pas meilleure. L'Unicef ne cessera de rappeler que le décès maternel et néonatal enregistre toujours des records au Maroc. Véritable problème de santé publique surtout en milieu rural, le fléau affiche une courbe croissante. L'Unicef annonce que près de 4 enfants sur 100 meurent avant l'âge de 5 ans et que le décès maternel est de 110 pour 100.000 naissances vivantes. Une stratégie néonatale et une autre de nutrition sont en cours. Elles sont appuyées par l'Unicef qui, rappelle-t-elle, axe aussi ses efforts sur l'analyse budgétaire, les changements de comportements. Une lueur d'espoir est bien là, mais encore faut-il s'y mettre à plusieurs pour qu'elle éclaire un meilleur avenir à nos enfants. De bons concepts pour des projets durables. Les ingrédients d'une bonne recette concoctée par l'Unicef et ses partenaires ont soulagé des populations enfouies au fin fond des zones rurales. L'expérience Dar Al Oumouma a été l'un des meilleurs fruits de ce travail collectif. Ouvertes dans plusieurs douars, à proximité d'une structure hospitalière, ce sont des maisons d'attente où des femmes enceintes sont accueillies au terme de leur grossesse. Elles y sont prises en charge entièrement afin de pouvoir accoucher sous surveillance médicale. Inscrit à l'INDH et aux priorités du ministère de la Santé, ce projet connaît actuellement une extraordinaire expansion et une réussite qui lui vaut une généralisation dans tous les douars du Maroc.