L'Association Amali a organisé, dimanche 10 octobre, une journée d'information sur la schizophrénie. D e près ou de loin, chacun de nous a eu affaire à une personne atteinte d'un trouble mental. Pourtant, en parler reste toujours tabou au Maroc comme dans le monde, d'ailleurs», constate avec regret Naïma Trachen qui préside aux destinées de l'Association Amali. Fondée en 2007, cette ONG puise son énergie dans une révolte, celle de trois mères d'enfants schizophrènes, dont Naïma Trachen, déterminées à se battre pour briser le tabou. Et pour le rappeler, il n'est pas question de rater la Journée mondiale de la maladie mentale, célébrée le 10 octobre. L'Association Amali en a profité pour organiser, dimanche dernier au lycée Ibnou El Yassamine à Hay Hassani (Casablanca), une journée d'information. 1.000 familles d'enfants atteints de schizophrénie y ont été conviées. «Plusieurs oublient ces statistiques alarmantes : la schizophrénie est deux fois plus répandue que l'alzheimer et six fois plus que le diabète», rappelle Naïma Trachen pour souligner l'ampleur de cette maladie qui touche 1% des Marocains. «Malheureusement, dans notre culture, on continue à transformer la folie en une insulte poussant les malades à s'autostigmatiser», ajoute-t-elle. Agir en faveur d'une prise en charge adéquate des malades, c'est la mission que s'assigne l'Association Amali en optant pour l'éducation des parents. «12 familles ont profité du programme ProFamille en 2009 et c'est un nombre similaire qui en bénéficie cette année aussi. Nous apprenons aux parents les techniques de communication grâce auxquelles leurs enfants pourront accepter leur traitement et aller jusqu'au bout», explique la présidente de l'ONG. D'origine canadienne, ProFamille a été adopté, pour la première fois au Maroc par l'Association Amali. Il consiste en 5 étapes complémentaires, dont les deux premières visent l'éducation sur la maladie et le développement d'habiletés relationnelles. Deux autres composantes portent sur la gestion des émotions et le développement de cognitions adaptées et la mise en place de ressources (faire face à des aléas et préparer l'avenir). Alors que le cinquième élément, l'approfondissement, sert à renforcer les apprentissages et à favoriser la mise en application des savoir-faire développés dans le programme. «Nous procédons régulièrement à des évaluations au début, au milieu et à la fin du programme. Le résultat est très positif : les parents sont très assidus et pleins de volonté», se réjouit Naïma Trachen. La complicité est essentielle pour atteindre des objectifs qui paraissaient, au tout début, des défis insurmontables. «A présent, nous entamons un autre programme: la thérapie cognitivo-coportementale. Les bénéficiaires seront répartis en groupes pour assister à des séances animées par un psychiatre du centre psychiatrique universitaire Ibn Rochd. Le but est de parvenir à réinsérer socialement les patients de manière à ce qu'ils retrouvent une vie normale», annonce avec enthousiasme la présidente. L'Association Amali a du pain sur la planche… comme toujours. l.h