La schizophrénie touche entre 1 et 2 % de la population, soit plus de 300.000 Marocains. C'est ce qu'a révélé Saïd Fattah, psychiatre et chercheur, lors d'une conférence tenue vendredi 24 mars à Rabat. Dans le cadre de la célébration internationale des troisièmes journées francophones de la schizophrénie, l'Association marocaine des parents et amis des personnes en souffrance psychique "Al Balsam" a organisé une série d'activités axées sur cette pathologie qui touche le cerveau dont la conférence a eu lieu le vendredi 24 mars dans la capitale. Placée sous le thème "La schizophrénie, une maladie qui se soigne", la rencontre a été animée par Saïd Fattah, psychiatre et chercheur à l'hôpital de Rouffach en France. Lors de cette conférence, M. Fettah a déclaré que "la schizophrénie, une maladie toujours méconnue, touchant 1 à 2 % de la population est encore très mystérieuse dans l'imaginaire collectif dont il faut lever le tabou", rapporte l'Agence MAP. Partant, le Maroc compte plus de 300 000 schizophrènes. La schizophrénie, souvent mal comprise, entraîne un rejet social. "Les personnes schizophrènes et leurs parents sont montrés du doigt", a indiqué Dr Fattah dans une déclaration à la MAP en marge de la conférence. De même, le monde professionnel traitant cette "maladie universelle" souffre de la stigmatisation, a-t-il souligné, qualifiant cette pathologie "démocratique" en argumentant qu'"elle touche toutes les catégories socio-professionnelles d'une société". "La schizophrénie est une maladie qui se soigne", tient à préciser M.Fettah. Pour l'accompagnement des personnes schizophrènes, M. Fattah préconise l'amélioration de la communication, la concertation et surtout beaucoup de soutien familial. Sur ce dernier point, il souligne que "la société marocaine est encore soudée par rapport aux sociétés où la famille devient de plus en plus nucléarisée". Il déplore, par ailleurs, l'inexistence, au Maroc, de structures d'aide à la réadaptation socioprofessionnelle des patients schizophrènes, notant, d'un autre côté, que le problème du diagnostic tardif est à l'origine de l'échec des traitements. Ce retard est souvent dû au fait que la plupart des patients font le tour des "Sadat" (Saints hommes) avant l'établissement d'un vrai diagnostic d'un praticien, ce qui fait retarder le traitement, précise le psychiatre. Plus le dépistage est précoce, meilleurs seront les résultats de traitement, insiste-t-il. La schizophrénie est une maladie, qui est provoquée par des modifications au niveau du fonctionnement du cerveau. Ce trouble touche surtout les jeunes hommes et femmes qui sont en pleine période de développement, entre 15 et 25 ans. Hallucinations, délire et la perturbation de la logique de la pensée sont les symptômes aigus de la maladie. Les personnes atteintes de schizophrénie ont plutôt tendance à être vulnérables et fragiles. Les personnes touchées souffrent du rejet de la société. Leurs familles ont souvent du mal à supporter ce rejet. Certaines tentent de cacher l'existence de la maladie à leur entourage. D'autres, par contre, préfèrent en parler ouvertement, estimant que cela leur procure une sorte de paix intérieure. Ils jugent plutôt utile de se joindre à d'autres personnes qui partagent les mêmes problèmes afin d'essayer de lutter contre ce rejet.