Le pays des Pharaons s'approche de plus en plus de la Turquie. Le Maroc progresse bien mais reste loin du rythme de l'Egypte. Pour le troisième mois consécutif, le ministère du Tourisme et l'ONMT publient leur benchmark périodique retraçant l'évolution des performances touristiques dans les pays du pourtour méditerranéen. Au fil des mois, la tendance des réalisations dans chaque pays se confirme. Ce qui indique clairement que l'on n'est pas face à une conjoncture liée à la crise, mais plutôt à une tendance plus ou moins structurelle. D'autant plus que la tendance observée au niveau de chaque pays était à l'ordre du jour avant le début de publication du benchmark mensuel marocain. De ces nouvelles donnes sur le tourisme en méditerranée, on peut déceler un nouveau positionnement des grands fournisseurs touristiques autour de la Mer Méditerranée. Les statistiques dénotent, d'un mois à l'autre, l'émergence de l'Egypte en tant que nouveau tigre du tourisme, non seulement de la région, mais à l'échelle mondiale. Il est vrai que l'Egypte est une destination traditionnelle du Moyen-Orient, mais jamais le pays ne s'est autant imposé de cette manière sur le marché mondial. Depuis l'annonce de la première édition du benchmark, le secteur touristique égyptien avance à un rythme foudroyant. Les arrivées et recettes enregistrent au fil des mois des progressions à deux chiffres. De janvier à juin 2010, le premier indicateur (arrivées) a crû de 20,7% alors que le second s'améliore de 17,6%. Le pays des Pharaons a accueilli plus de 7 millions de touristes au terme du premier semestre de cette année. Ces derniers lui ont amené des recettes d'environ 4,3 milliards d'euros. Une avancée remarquable en dépit de la crise mondiale sans précédent et le contexte géopolitique délicat où se trouve le pays. Un tel succès est le fruit de la politique d'investissement audacieuse menée en Egypte. Les investisseurs ne se sont pas cantonnés aux stations balnéaires de Sharm Sheikh et Hardagha. Il ont réussi à développer rapidement d'autres destinations telles que Marsa Alam ou El Aïn Essokhna. C'est ce qui leur a permis de se doter d'une offre abondante de qualité et bon marché. Ce qui colle parfaitement aux besoins de la clientèle mondiale, notamment dans ce contexte. A cela s'ajoute le patrimoine historique millénaire dont est doté le pays et qui constitue un complément indispensable à l'offre balnéaire. Les premiers opérateurs qui doivent se sentir menacés de la montée de l'Egypte sont les Turcs. Leur leadership dans la région du Sud et l'Est de la Méditerranée commence à être menacé par le tigre égyptien. Il est vrai que la Turquie a réussi à maintenir une évolution positive de ses indicateurs touristiques. Les arrivées ont crû au premier semestre de 9,3% et les recettes de 3,9%. La Turquie a accueilli 11,5 millions de touristes de janvier à juin 2010, ce qui lui a rapporté des recettes de l'ordre 5,3 milliards d'euros. Ce maintien des indicateurs au vert est également lié à la diversification de l'offre en misant notamment sur les richesses du plateau d'Anatolie et de nouvelles destinations comme les montagnes de Kapado Kia. Mais si l'Egypte maintient son rythme de croissance, l'égalisation des performances de la Turquie n'est qu'une question de temps. Qu'en est-il du Maroc. En termes de progression des indicateurs, ses performances se situent entre celles de l'Egypte et de la Turquie. Pour rappel, les arrivées ont progressé à fin juin de 13,4% alors que les recettes ont crû de 8,2% au cours de la même période. Les nuitées, elles, ont augmenté de 9,9%. Les touristes ayant visité le Maroc se chiffrent à 4 millions. Ils ont injecté dans son économie des recettes de l'ordre de 2 milliards d'euros. Il est vrai qu'en termes de progression, le Maroc dépasse la Turquie. Mais il est loin d'être aussi rapide et efficace que l'Egypte. Ce qui manque, selon plusieurs experts, c'est la rapidité et l'audace des investisseurs qui misent sur le tourisme dans le pays des Pharaons qui, grâce à leur volonté, ont atteint un stade «Tourisme de masse». Chez nous, les investissements existent certes mais ils demeurent limités par rapport à ceux de nos concurrents. On peine encore à installer les capacités nécessaires pour booster des destinations traditionnelles comme Agadir et Tanger, alors que les nouvelles destinations (Mazagan, Saïdia..) ne sont pas aussi grandes pour rivaliser avec celles de l'Egypte et la Turquie. A noter que les destinations qui souffrent le plus de la crise sont les marchés traditionnels, tels que les Canaries et Chypre. L'offre de ces îles est arrivée à saturation au moment où il n'y a plus de place pour développer de nouveaux resorts ou stations balnéaires. Quant aux destinations en expansion telles que la Croatie ou la Tunisie, leur offre axée sur la clientèle à moyen et bas revenus ne leur a pas permis de maintenir un rythme haussier de leurs indicateurs touristiques.