L'opération franco-mauritanienne n'a pas trouvé grâce auprès des Algériens. Le raid franco-mauritanien montre que la Françafrique n'est pas morte. L'opération menée conjointement, en fin de semaine dernière, par la Mauritanie et la France sur une base de l'AQMI, a tourné au fiasco militaire en compliquant les relations algéro-françaises. L'objectif de l'assaut qui consistait à libérer un otage français, Michel Germaneau, entre les mains de l'ex-GSPC, n'a pas été atteint. Et les représailles de l'AQMI ne se sont pas fait attendre : les terroristes ont mis à exécution leur menace et tué l'ingénieur français. L'opération franco-mauritanienne n'a pas trouvé grâce auprès des Algériens. Le raid compromet les ambitions d'Alger d'édifier, sous prétexte de combattre le terrorisme, une zone d'influence dans le Sahel car il montre que la Françafrique dont on annonce souvent la fin, est encore vivante, mais elle se situe un peu plus au Nord. Quant à l'objectif hégémonique de notre voisin de l'Est, pour lequel Alger a mobilisé sa machine diplomatique, depuis août 2009, il est remis en question par la France. Depuis la réunion de Tamanrasset des chefs des armées de la Mauritanie, du Niger, du Mali et, bien entendu, de l'Algérie, groupe ensuite élargi à trois autres pays de la région : la Libye, le Burkina Faso et le Tchad ; la France suit avec attention la diplomatie algérienne dans la région. La France trouvant, sans doute, outrecuidant d'agir, sans elle, dans son pré carré. De plus, l'opération conjointe franco-mauritanienne en passant outre les recommandations de coordination de l'Accord du 21 avril dernier, signé entre les pays du Sahel pour la mise en place de mécanismes de lutte antiterroriste entre ces sept Etats, est la réponse du berger à la bergère : l'Algérie a ignoré la France…et la France a ignoré l'Algérie et les signataires de l'Accord du 21 avril. D'ailleurs dès février dernier, aussitôt que le Mali a libéré un terroriste, pourtant réclamé par Alger et Nouakchott, en échange d'un citoyen français , Pierre Camette, appartenant aux services secrets, et capturé par l'AQM, la contrariété algérienne s'est manifestée. L'Algérie et la Mauritanie avaient même rappelé leurs ambassadeurs au Mali avant que des discussions fassent rentrer les choses dans l'ordre. L'opération franco-mauritanienne, non seulement contrarie les ambitions sahéliennes de l'Algérie, mais suscite aussi des inquiétudes à Madrid quant au sort de deux otages catalans, travaillant pour le compte d'une ONG et détenus depuis le 29 novembre par les hommes d'Al Qaïda au Maghreb islamique. Enfin l'attaque, le 30 juin dernier, contre des gendarmes algériens par l'Aqmi, à Tinzaouatin, à la frontière algéro-malienne, qui s'est soldée par la mort de 13 gendarmes algériens, montre que les Algériens, sans les moyens français, ne peuvent venir à bout du terrorisme sahélo-islamique et surtout que la France ne renonce pas à sa chasse gardée africaine. m.j La libération d'un terroriste par le Mali est à l'origine d'une brouille passagère entre Alger et Nouakchott.