Deux semaines après l'attaque de la garnison militaire de Lemgheyti, l'armée mauritanienne n'a toujours pas retrouvé trace des 150 terroristes «islamistes». Volatisés dans le désert algérien ? L'attaque, le 5 juin dernier, de la base de Lemgkegti n'a pas encore livré ses secrets. Les nombreuses unités mobiles redéployées dans la région, les avions de reconnaissance, les conseillers militaires américains, continuent toujours de ratisser de long en large cette partie Nord-Est du pays, sans résultats probants. Rangée aux côtés de sa consœur mauritanienne dès les premières heures de l'attaque, l'armée malienne a donné son feu vert, permettant aux patrouilleurs mauritaniens d'opérer sur son territoire. Un geste imité par l'Algérie, embarassée d'être mêlé à cette attaque ne serait-ce que parce que le commando, islamiste ou pas, venait à l'intérieur de ses frontières. Les médias algériens, fidèles aux canaux officiels du pouvoir de leur pays, restés étrangement discrets, voudraient bien voir l'un des petits groupuscules islamistes mauritaniens derrière ce coup de force. El Watane s'interroge sur le fait que tous les blessés lors de l'attaque l'ont été sur la jambe, tout en rappelant les efforts de l'armée algérienne dans la traque du GSPC. Mais aucun journal algérien ne s'interroge sur l'identité des fondateurs du GSPC, souvent d'anciens membres de l'armée algérienne. De son côté, le Maroc a réagi très vite en proposant son appui à la Mauritanie. Ce qui fait écrire au Journal Nouakchott Info que comme après la tentative du putsch du 8 juin 2003, «le Maroc est toujours le premier pays à nous exprimer sa solidarité et sa compassion ». Sur le terrain, l'armée mauritanienne, toutes unités confondues, continue le nettoyage. Mais, malgré cette forte mobilisation, les patrouilles n'ont encore rien donné. Aucune trace du GSPC, ni des dix voitures blindées volées à l'armée mauritanienne. Aussi, les interrogations sur la véritable identité des assaillants se font nombreuses dans la presse et dans l'opinion publique mauritanienne. «Vérité où es-tu ? », titrait le très influent Eveil dans son édition parue mardi dernier. L'hebdomadaire fait allusion aux questions restées en suspens depuis cette attaque intervenu le 5 juin et qui a coûté la vie à quinze soldats. Le mystère s'est encore épaissi avec l'arrestation, ce week end, à Nouakchott, d'un membre du GSPC algérien, en possession d'armes, et surtout le témoignage d'un rescapé, blessé au moment de l'attaque, et affirmant avoir aperçu deux voitures de la RASD en compagnie des assaillants, vient relancer la polémique. Que lien doit-on désormais lier entre ces deux groupes, un groupe islamiste qui prône la lutte et un mouvement séparatiste appuyé par Alger et qui menace de recourir au terrorisme ? Les deux opèrent sur le même terrain, dans cette zone désertique aux frontières de l'Algérie, du Mali et de la Mauritanie. Auraient-il fraternisé pour s'en prendre à la Mauritanie ? Pouvaient-il le faire sans que le maillage des services de renseignements algériens ne soient au courant ? Rappelons que l'attaque menée par des éléments armés contre l'escadron militaire mauritanien le 5 juin, au nord de la Mauritanie, a fait 15 morts, dont un capitaine qui commandait l'unité, et 15 blessés, alors que deux personnes sont portées disparues. Cette attaque, survenue dans le point "Lamghit", situé à 75 km des frontières algéro-mauritaniennes (400 Km au nord-est de Zouérat) avait été attribuée au Groupe salafiste pour la prédication et le combat algérien (groupe Abou Hafs). Depuis, plusieurs revendications par Internet ont tenté d'accréditer cette thèse. Mais au fil des jours, entre zones d'ombre, révélations et enquêtes, la piste d'Alger et des séparatistes qu'elle abrite se précise. Embarassée, la presse algérienne s'est abstenue de commenter les témoignages du soldat mauritanien à propos de la participation des voitures du Polisario dans l'attaque. Ces révélations constituent un tournant.