La fête du travail de cette année aura-t-elle la même teinte que celle des années précédentes ? Si certains syndicats répondent par un timide «oui !», d'autres ont déjà promis un «va-t-en guerre» contre le gouvernement pour l'après 1er mai. Une manière de chercher des conflits à outrance quant on sait que l'UGTM (Union générale des travailleurs marocains), syndicat proche du chef de gouvernement ne participera même pas aux défilés de ce samedi ? Pour Mohamed Ennahili, membre du bureau exécutif de l'Organisation démocratique du travail (ODT), syndicat proche du Parti socialiste qui observera une grève nationale le 13 mai, le gouvernement a failli à ses promesses et les contestations sociales restent donc légitimes : «Le dialogue social n'est qu'une illusion. Savez-vous que l'Etat paye aujourd'hui un ouvrier de l'Entraide nationale 1.000 DH par mois et que des entreprises de services n'assurent toujours pas le minimum salarial dicté par la loi à leurs employés?», argue-t-il. Ne représentant que 6% des quelque 10 millions de travailleurs, le champ syndical au Maroc arrive encore à tenir. Et pour preuve, dans les secteurs productifs (agriculture, textile, agro-alimentaire, BTP,...), le ministère de l'Emploi a recensé pour l'année 2009 pas moins de 231 grèves observés dans 185 entreprises. Les raisons de ces mouvements, toujours selon le ministère, vont de la simple amélioration des conditions de travail dans l'entreprise jusqu'au retard dans le paiement des salaires. Dans le secteur public, l'activité syndicale relève d'une autre paire de manches. Les salariés du public, «jalousant» parfois un supposé confort matériel de leurs pairs dans le secteur privé, ne cessent de revenir à la charge. D'ailleurs, et depuis le début de cette année, les syndicats des fonctionnaires ont habitué les citoyens à des journées sans service public. Des débrayages de 24h répétés, notamment au sein des collectivités locales et dans les rangs des ministres des Finances, de la Justice, de la Santé et de l'Education nationale. Pour faire face à cette nébuleuse syndicale, le gouvernement a consacré 19 milliards de dirhams comme enveloppe budgétaire pour couvrir «les frais» du dialogue social des années 2008/2009. Le ministre de l'Emploi, Jamal Rhmani, ministre de l'Emploi, vient de déclarer qu'un nouveau round du dialogue social tripartite (gouvernement, centrales syndicales et patronat), aura lieu le 7 mai prochain. Cela suffit-il à résorber la grogne des syndicats ? Pour certains, le gouvernement a répondu aux doléances des syndicats : «Grâce à l'appui de 5 syndicats, notre dossier a enfin trouvé une issue. D'ailleurs, nous participerons aux défilés du 1er mai pour rendre hommage au travail des syndicats et parce que d'autres dossiers sont toujours en stand-by dans le secteur de l'enseignement», affirme Hicham Belhaj, coordinateur national de quelque 300 professeurs titulaires de diplômes de l'enseignement supérieur (DESA, DESS, Master). Seulement, pour les syndicats qui ne courent pas à la même cadence que les centrales syndicales représentatives, le jeu syndicat-gouvernement est foncièrement biaisé : «La parité n'est même pas respectée lorsqu'on évoque la représentativité syndicale au sein du Conseil économique et social. Sans bien sûr parler des syndicats qui ne participeront pas à la célébration de la Journée internationale du travail ou qui ont tout simplement quitté la table du dialogue social», fustige Saïd Hamouche, secrétaire général du Syndicat autonome du travail (SAT), un des syndicats enrôlés sous la bannière e l'Union des syndicats autonomes du Maroc (USAM). Cette dernière, qui compte aujourd'hui 20 syndicats et une association affiliée, a choisi sa manière pour faire face à l'entêtement du gouvernement et surtout pour faire face à l'hégémonie des quelques mastodontes qui règnent sur l'activité syndicale au Maroc.