Alors qu'il ne reste que quelques jours avant le 1er mai, journée qui fête le travail à l'international, l'Organisation démocratique du travail (ODT) vient d'appeler à une grève nationale de 24 heures. Programmé le 13 mai dans la fonction publique et les collectivités locales, cet appel à un nouveau débrayage du syndicat proche du Parti socialiste a été décidé suite à la dernière réunion du Conseil national de l'ODT, tenue récemment à Rabat. Contacté par Les Echos, Ali Lotfi, le secrétaire général de l'ODT, explique que «cette grève a pour premier objectif d'inciter le gouvernement à réviser sa politique sociale et à protester contre la situation actuelle des classes ouvrières». L'ODT, par la voix de son secrétaire général, dresse d'ailleurs un tableau où le bilan de l'action gouvernementale paraît peu reluisant : gel des salaires alors que l'indice du coût de la vie grimpe de manière vertigineuse, faiblesse du pouvoir d'achat des ouvriers et des classes moyennes, persistance des violations des libertés et des droits syndicaux,... «Le gouvernement et notamment le ministère de l'Emploi, n'arrivent toujours pas à assurer le droit à la grève, le droit au travail et à atténuer le phénomène d'exploitation des salariés», décrie Ali Lotfi. Sourde oreille chez le gouvernement Sur le volet économique, le diagnostic fait par l'ODT est peu tendre avec le gouvernement de Abbas El Fassi : la mauvaise gouvernance et les scandales financiers qui ont touché de nombreuses institutions publiques (comme en témoigne d'ailleurs le dernier rapport de la Cour des comptes) «ont fini par fragiliser une économie hypothéquée à coups de privatisation». Un constat aux couleurs socialistes, où l'ODT appelle l'Etat à plus d'interventionnisme dans la gestion des secteurs stratégiques du pays.Le dialogue social, autre point d'achoppement entre l'ODT et le gouvernement, reste sujet à reconsidération : «Alors que les négociations autour du dialogue social étaient toujours en cours, le gouvernement a tout simplement pris des décisions de manière unilinéaire, qui ne font pas l'unanimité au sein des centrales syndicales», rappelle Ali Lotfi. L'appel à la grève du 13 mai, exprimé par l'ODT, aurait de fortes chances de trouver écho chez d'autres centrales syndicales. L'Organisation démocratique du travail a déjà entamé une opération visant à fédérer les autres syndicats autour de son mouvement. La Confédération démocratique d'un travail (CDT) pourrait même répondre à l'appel à travers ses slogans et ses banderoles du 1er mai.