Akhchichine n'en peut plus. Le ministre de l' Education Nationale, tout en gardant son calme habituel, s'est vu acculé à adhérer à la théorie du complot pour dénoncer «le plan prémédité qui veut ternir l'image de l'école marocaine». Devant des conseillers qui prenaient naturellement la position des syndicats, le responsable marocain a révélé que son département étudie sérieusement «l'éventualité d'une année blanche dans plusieurs provinces». Les grèves absurdes dont la dernière faite contre la cherté de la vie, montrent que les choses sont devenues insupportables pour le ministère. «Il y a même des syndicats qui n'ont aucune représentativité et qui ont réussi à décréter des grèves nationales» a-t-il noté. L'hypothèse de l'année blanche pèse surtout sur les provinces rurales. En plus des entraves liées à l'enclavement, les grèves ont coïncidé avec des programmes de lutte contre l'abandon scolaire, qui semblent ne plus avoir de chance d'aboutir. Les syndicats campent pour leur part sur leurs positions et demandent que le cahier revendicatif présenté en février soit entièrement satisfait, notamment le parachèvement des clauses de l'accord d'août 2007, la création de nouvelles échelles et surtout une promotion exceptionnelle pour tous ceux qui remplissent les conditions, avec effet rétroactif depuis 2003. Le département de tutelle ne semble pas prêt d'ouvrir à nouveau le dialogue avec les syndicats, mais reste «entièrement disposé à venir à la commission de la Chambre pour donner le bilan d'étape du plan d'urgence, ainsi que toutes les données relatives à l'offre éducative», a ajouté Akhchichine. Les deux parties se sont donc tourné le dos en cette étape très sensible du déroulement de l'année scolaire, où un nouveau débrayage risque encore de peser très lourd sur les conditions de la préparation des examens, surtout au sein de l'enseignement supérieur. Le plan d'urgence, qui arrive à son terme en 2012, avait prévu un important volet relatif à la qualité de l'offre dans le secondaire et le supérieur, ainsi que l'encouragement de la recherche scientifique. Ces aspects demeurent intimement liés, selon les syndicats à l'amélioration des conditions de travail des enseignants, qui se plaignent de l'augmentation de leurs heures de travail après que les périodes de formation ont été ajoutées à leur emploi du temps scolaire.